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L’engagement, tout le monde le veut. Le sens, tout le monde le cherche. Mais quand l’un ou l’autre n’est pas aligné entre l’administration et le politique, ça devient compliqué. Pourtant, plus que jamais, le temps de l’engagement est là.
Chaque manager cherche à susciter le plein engagement de ses équipes, celui qui place les intérêts de l’entité qui nous emploie au plus haut niveau de nos préoccupations professionnelles. Et dans le secteur public, ce volontarisme individuel et collectif résonne puissamment : il participe du fameux sens, à la recherche duquel tous partent en quête. Mais qu’advient-il de l’engagement lorsque le portage politique n’est pas a tempo ? Ou, au contraire, lorsque la machine administrative n’est pas au rendez-vous du fort volontarisme des élus ? La dissonance ainsi créée se révèle aussi infertile que l’immobilisme.
Voulez-vous danser ?
L’engagement est une danse dont l’harmonie révèle sa puissance lorsque les partenaires sont accordés et le collectif dirigeant donne la mesure de son professionnalisme en favorisant cette synergie créatrice de valeur. Pour répondre aux besoins du moment, il lui faut savoir faire ralentir la cadence tout autant que l’accélérer. À l’image du chef d’orchestre, qui n’est pas qu’un déchiffreur de partition, maîtriser le tempo est un art majeur du dirigeant public.
L’engagement est une danse dont l’harmonie révèle sa puissance lorsque les partenaires sont accordés
Mais à l’heure où les urgences se multiplient sur tous les fronts – changement climatique, sécheresse, inflation, violences, raréfaction des ressources, etc. –, peut-on encore, comme agent public, se questionner sur son engagement, sur le sens de celui-ci ? Ne donne-t-on pas dans le débat sur le sexe des anges ? Élève administrateur, j’ai eu le bonheur d’écouter Raymond Aubrac raconter l’engagement de sa femme, Lucie, dont ma promotion avait choisi de porter le nom. Quelle leçon aux pires heures de notre nation !
Eux se sont transcendés. Avons-nous un autre choix que de nous engager encore plus, au nom de ce qui fait ciment dans notre pays, en faveur d’un mieux vivre collectif de nos concitoyens français et du monde entier ? Acteurs du service public, nous pouvons agir en limitant notre empreinte carbone par moins de déplacements et moins de climatisation, par exemple, mais surtout en travaillant à plus de choix éclairés et au meilleur emploi des ressources.
Donner de la puissance
Le temps de l’engagement est là : je ne doute pas que celles et ceux qui ont choisi le service public, où que ce choix les ait conduits, se perçoivent comme détenteurs d’une force et d’une capacité. Il est temps de permettre à chacun de donner la pleine puissance de son action et de s’allier aux volontarismes qui s’expriment pour utiliser au mieux la magnifique force d’engagement des femmes et des hommes qui font le service public.
Virginie Haldric est administratrice territoriale générale (promotion Lucie-Aubrac), actuellement directrice générale des services du département du Var, parcours marqué par une appétence prononcée pour le management, la modernisation et l’élaboration de stratégies territoriales. Depuis trente-cinq ans, elle a surtout été en charge de la direction de services dans des collectivités du bloc communal (intercommunalités et communes). Elle a fait deux temps hors de la fonction publique territoriale : pour faire de la maîtrise d’ouvrage publique dans un centre régional des œuvres universitaires et scolaires et comme magistrate de chambre régionale des comptes. Elle est membre du cercle des acteurs territoriaux et de l’association Dirigeantes & territoires.