Les débats d'été sur les politiques culturelles : quelles sont les bonnes questions ?

La Rédaction

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Nous voilà à la veille des vacances. C'est l'époque où tous les médias focalisent sur le spectacle vivant, notamment sur les festivals. Tant mieux pour la création d'aujourd'hui et ceux qui en vivent (c'est une période favorable pour vendre les productions aux diffuseurs), tant mieux pour les spectateurs qui, moins pris par la fatigue de leur travail quotidien, en profiteront pour se nourrir d'émotions artistiques.

Les festivals attirent, et l'on ne peut que s'en réjouir... sauf s'ils cachent comme c'est parfois le cas un désert culturel  le reste de l'année, et tant qu'ils ne mobilisent pas les deux tiers du budget culturel sur un territoire au détriment d'actions de proximité, susceptibles de par leur variété de structurer une véritable activité culturelle tout au long de l'année pour tous les habitants d'un territoire.

La Ministre de la Culture, les associations d'élus vont se retrouver à Avignon, aux côtés des représentants des grands directeurs de scènes françaises et d'artistes de renom et de leurs représentations syndicales. A l'occasion de nombreux débats, ils y parleront de l'importance de conserver un niveau de crédits culturels important et de la nécessité de renouer un dialogue plus confiant entre l'Etat et les collectivités territoriales. C'est déjà bien. Mais ce serait insuffisant d'en rester là.

Car il faudrait pouvoir aussi parler des professionnels de plus en plus nombreux qui se marchent sur les pieds  (et se paupérisent s'agissant des artistes), des lignes artistiques de certains lieux qui se sont figées faute de mobilité de leurs responsables, de missions de service public mal assumées par d'autre lieux faute d'évaluation ou d'exigence des tutelles, de la difficulté des jeunes artistes à émerger, de certaines franges de publics potentiels qui ont décroché complètement de la sphère du service public culturel,  des amateurs qui voudraient un peu plus de partage (de projets, de locaux) avec les professionnels, d'enseignants qui n'arrivent pas à financer des projets d'éducation artistique et culturelle, ou encore d'enseignants d'écoles de musique rivés à leurs horaires statutaires et à leur stricte fonction d'enseignement (ce n'est pas la majorité bien entendu, mais pourtant cela existe).

Y parlera-t-on de politique culturelle, c'est-à-dire pas uniquement du rôle des artistes (que je considère bien sûr  comme fondamental), mais aussi de tout ce qui fait que les habitants d'un territoire concourent à son cadre de vie en étant à la fois acteurs et spectateurs ; de tous les dispositifs (voire les équipements mais ce n'est pas premier) à imaginer ou à faire évoluer pour faire découvrir les différents arts et les pratiques artistiques, le patrimoine et l'imaginaire.

Je le souhaite, d'autant plus que les institutions territoriales (et l'Etat), qu'elles le veuillent ou non, vont être amenées à travailler davantage entre elles, que la révolution numérique est en train de transformer radicalement  l'accès à la culture (pensons aux bibliothèques et aux centres d'archives), qu'une génération de professionnels formés dans les années 70 va céder (ou devrait) céder la place à de plus jeunes, que la parité devrait être un peu plus systématique dans les structures artistiques.

Il nous faut  savoir évoluer (je n'ai pas dit tout casser), donc expérimenter de nouvelles choses et les évaluer, afin de redonner à la société civile un peu d'air et de souffle, afin de réinventer un débat culturel devenu un peu trop restreint au seul cercle des « professionnels de la profession » qui, pour certains, pensent savoir tout sur tout.

Avant de prendre les décisions, prendre le temps du doute, du débat, et ne pas se laisser enfermer dans les certitudes de l'habitude qui nous amènent à reproduire instinctivement l'existant ou les normes définies précédemment...

François Deschamps

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