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Article publié le 3 janvier 2017
Pour développer leur action, les départements ont compris qu’il fallait avant tout disposer d’une bonne connaissance de leur territoire. La quasi-totalité d’entre eux (94 %), selon l’Odas, affirme s’être engagée dans le développement de dispositifs d’observation. Un département sur deux déclare avoir mis en place un observatoire sur le logement et un sur trois un observatoire sur l’insertion, sur le handicap et la dépendance.
Trouver les bons indicateurs
L’observation fait évoluer les postures et conduit naturellement au changement. En Isère, ce travail a permis au département d’identifier une zone sur laquelle les demandes d’aides financières pour le paiement des factures d’énergie étaient concentrées. Grâce à un travail de cartographie, les travailleurs sociaux ont constaté que les demandes concernaient quelques bâtiments. Un travail avec les bailleurs a pu être engagé pour rénover le bâti et réduire la consommation d’énergie.
Les données ayant trait aux ressources du territoire sont un véritable sésame pour mettre en œuvre des actions collectives à l’échelle d’un quartier.
Si les résultats peuvent s’avérer très concrets, il faut cependant éviter un écueil : l’Odas a constaté que la plupart des indicateurs produits se concentraient sur les difficultés du territoire (taux de chômage, nombre de bénéficiaires des différents dispositifs d’aide…), alors même que les données ayant trait aux ressources du territoire, comme l’équipement ou les associations, sont un véritable sésame pour mettre en œuvre des actions collectives à l’échelle d’un quartier.
Dans le Pas-de-Calais : des maisons de solidarité nouvelle génération
Le département du Pas-de-Calais a mis en place neuf maisons de solidarité, dont cinq fonctionnent selon un profil novateur : elles disposent d’un pôle accueil et d’un pôle accompagnement. « Le pôle accueil est concentré sur les premières demandes, sur les personnes qui ne sont pas connues de nos services ou bien qui ont besoin d’un appui ponctuel » explique Maryline Vinclaire, DGA Solidarités. « Le pôle accompagnement, lui, intervient dès lors que la personne a besoin d’un suivi régulier. Leur référent est unique et traite l’ensemble de la situation. » Si le problème majeur de la personne concerne la petite enfance, un référent spécialiste de ce domaine deviendra son interlocuteur unique, mais il pourra très bien intervenir sur les questions de logement par exemple. « L’objectif, c’est de ne pas saucissonner la personne, de proposer un accompagnement global. » La démarche est partie d’une réflexion sur la cohérence de l’accompagnement social des usagers. La constitution des deux pôles a permis de recevoir plus rapidement les personnes. Pour que cette organisation fonctionne, précise Maryline Vinclaire, « il faut que les cadres y croient et s’impliquent. Mais les agents qui ont goûté à ce type d’organisation nous déclarent tous que pour rien au monde, ils ne retourneraient à l’ancienne formule. »
Observer, oui, mais pas seulement
Observer mais écouter, aussi. Écouter les agents de terrain, les acteurs locaux, les élus, les cadres, la population… Le conseil départemental de la Gironde, qui souhaite sortir de la logique de guichet pour adopter une logique de projet, a développé une action nommée « Gironde 2033 ». Les partenaires des neuf territoires ont pu, à cette occasion, soutenir des projets locaux. Cette liste a débouché sur la conclusion de pactes territoriaux, conclus au moment du vote du budget de décembre dernier. Frédéric Bierry, président de la commission solidarités et affaires sociales de l’ADF, constate un fort développement des conseils de solidarité à l’échelle des bassins de vie. « Tous les acteurs motivés pour aider les personnes en précarité se réunissent et adoptent une approche globale pour réfléchir à l’accompagnement des personnes en difficulté. » C’est un de ses chevaux de bataille : développer la notion de parcours pour améliorer la prise en charge et éviter les ruptures.
Et le citoyen, dans tout ça ?
Enfin, n’oublions pas le citoyen dans cette démarche d’observation. L’importance de l’intégrer n’apparaît pas encore évidente, d’après le constat mené par l’Odas. Alexis Baron s’est même amusé de la situation, lors des dernières journées techniques de l’Andas :
« Le thème était l’innovation sociale. La principale innovation dont il a été question ce jour-là était le travail avec les usagers et les habitants, ce qui peut être considéré comme une action très classique. Pourtant, cela montre bien que les équipes des départements avaient peut-être oublié ce lien depuis quelques années. Elles sont en train de le reconquérir et, heureusement, c’est ce qui va relégitimer leur action. »
La réussite de l’articulation entre logique de guichet et logique de projet nécessitera assurément de fortes compétences managériales.
La réussite de l’articulation entre logique de guichet et logique de projet nécessitera assurément de fortes compétences managériales.Pour que les agents adhèrent, il faut non seulement les intégrer au processus de réorganisation, mais surtout éviter les démarches de réorganisation permanentes. La multiplication des réaménagements faire perdre les repères nécessaires à l’adhésion durable des équipes à un projet. C’est ainsi que l’on se trouve dans la situation où des agents, comme le souligne une étude récente de la Mutuelle nationale territoriale, « construisent le sens de leur mission non pas en référence à, ni même en opposition à, mais à côté du discours de l’institution locale. »
Dans le Bas-Rhin : 160 courriers revus et corrigés
Le conseil départemental du Bas-Rhin vient de mener une opération destinée à rendre ses courriers à destination des personnes en situation de handicap plus humains, plus compréhensibles, plus simples et plus respectueux. Pour y parvenir, un groupe de travail a réuni des usagers et les associations locales concernées, qui ont pu transmettre leurs doléances, incompréhensions et souhaits afin de faire évoluer les formulations.