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Réduction des dotations, fin des investissements locaux, métier de plus en plus difficile à exercer : le moral des directeurs généraux n’est pas au beau fixe.
Article publié le 16 octobre 2014
Les directeurs généraux broient du noir... et pour cause ! Pour 77 % des DG/DGA, il est plus difficile d’exercer son métier en 2014 qu’en 2008.
66 % des DG sont inquiets concernant la sauvegarde du service public de proximité et 65 % pensent que le maintien de la cohésion sociale va se dégrader.
Le constat est posé ! Manque de moyens financiers, complexité des procédures, contraintes normatives, multiplication des réformes, contexte de crise… la liste est encore longue et à celle-ci s’ajoute le sentiment que la confiance des citoyens en leurs élus se dégrade (69 % des répondants).
Dotations et moral en baisse
C’est surtout la réduction des dotations aux collectivités qui entame le moral des troupes. Le constat est sans appel : la décision de l’État est injustifiée pour 60 % des dirigeants et ils considèrent à 59 % que leur collectivité ne pourra pas y faire face.
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À qui la faute ? À l’État bien entendu. Discours classique [lire encadré], mais pourtant à nuancer. Les DG et DGA n’exonèrent pas totalement les collectivités de leur obligation de participer à ces efforts financiers.
Les DG en colère contre l’État
Avec la réduction des dotations aux collectivités, les DG accusent le coup et en veulent à l’État qui continue, en parallèle, à transférer aux collectivités de plus en plus de compétences.
« Il y a des transferts de charges considérables de l’État vers les collectivités, sans compensation financière. Chaque jour, de nouvelles normes, de nouvelles lois… »
« L’État transfère des compétences aux collectivités et diminue leurs ressources. De plus, c’est improductif pour l’investissement et la croissance. »
« L’État n’a pas à reporter sur les collectivités bien gérées les conséquences de ses choix et de ses déficits. »
Quand on leur permet de s’exprimer, ils reconnaissent – à demi-mot – que les collectivités ont des responsabilités à tenir :
• « Il faut ponctionner les très grandes collectivités qui ont vécu sur de mauvaises habitudes de gestion durant de nombreuses années » ;
• « L’asphyxie financière est la résultante d’une succession de démissions collectives sur des choix à opérer » ;
• « La solidarité nationale, y compris dans la réduction des déficits, doit être une priorité commune » ;
• « La contribution de tous n’est pas une option, mais une nécessité. Il est cependant indispensable que chacun puisse contribuer à proportion de ses facultés. Des logiques de péréquations seront à renforcer » ;
• « Toutes les strates publiques doivent participer à l’effort commun » ;
• « Cette décision me semble incontournable, aux collectivités locales d’y faire face ensemble. »
La fin des investissements locaux
Qui dit contexte financier de crise, dit vision alarmiste de l’action des collectivités dans les années à venir. Là encore, le tableau est noir : face à la réduction des dotations, 66 % des DG sont inquiets concernant la sauvegarde du service public de proximité, 65 % pensent que le maintien de la cohésion sociale va se dégrader, 84 % ont peu d’espoir pour la préservation de l’égalité entre les territoires et 86 % estiment que la capacité d’investissement de leur collectivité va se détériorer.
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La réponse est en effet unanime : avec la réduction des dotations, les investissements locaux partent à la casse. Et Les DG désignent vite les victimes toutes trouvées du tour de vis : 90 % disent que les investissements « soft », comme le sport et la culture, vont être les premiers à payer le prix fort, suivis par les investissements dans le « dur », avec les réseaux et la voirie, auxquels 61 % des DG prédisent des coupes sombres, ou encore les transports (58 %) :
• « Les économies à réaliser se feront au détriment des investissements et de la qualité du service, d’autant que la politique des rythmes scolaires impacte lourdement les finances » ;
• « Arrêt des investissements en 2017 » ;
• « Une baisse des investissements aura des conséquences sur des secteurs tels que le BTP ou l’artisanat, ce qui sera préjudiciable à l’emploi » ;
• « Ce choix va faire chuter les commandes dans le BTP et générer du chômage. »
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Dans ce marasme, une lueur d’espoir subsiste quand même : certes, les DG n’ont pas le moral, mais ils voient d’un bon œil les mesures de la réforme territoriale, majoritairement jugée comme un progrès. La refonte de la carte intercommunale en fonction des bassins de vie (81 %), la fin de la clause de compétence générale pour les départements et les régions (63 %) et la réduction du nombre des régions (52 %) emportent la majorité. La seule annonce qui suscite des réserves est la suppression à terme des départements (44 %).
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