L'autre week-end a été marqué par les festivités marquant l'ouverture de « Marseille Capitale européenne de la culture ». Un évènement si fortement médiatisé (cf. la revue de presse) qu'on attendait les organisateurs au tournant.
Le monde de la presse a vu différemment la chose. Si la presse locale a plutôt loué l'affluence (on attendait 200 000 personnes, il y en a eu au moins 350 000) la presse nationale (hormis RFI) est assez vite passée sur les expositions : le MUCEM qui n'ouvrira en fait qu'en juin, « Ici, Ailleurs » sur la Tour-panorama de la Friche de la Belle de Mai, « Méditerranées » au « J1 » (ancien hangar portuaire) avec Ulysse comme fil rouge, et « Cadavre exquis » au Musée Granet d'Aix-en-Provence. Mais surtout elle a traité avec une certaine condescendance cette fête en la comparant à Lille 2004, au motif qu'il n'y avait pas suffisamment de grandes propositions artistiques dès l'ouverture. Pourtant les habitants de la région marseillaise ont répondu présents en masse et semblaient globalement enthousiastes, heureux de se retrouver ensemble. Le spectacle, c'étaient eux, tout autant que les propositions artistiques elles-mêmes.
Sur cette question des publics, il va être intéressant de suivre le programme de recherches (pluridisciplinaire et comparatif) et les dispositifs d'enquête portant justement sur « la question des publics et des pratiques dites culturelles dans une capitale européenne de la culture », lancé à cette occasion par Sylvia Girel, enseignante-chercheuse à Aix-Marseille avec la collaboration de jeunes chercheurs.
Comme l'écrit Jean-Louis Fabiani dans une tribune publiée par Libération : « il n'est pas impossible que les Marseillais se saisissent de cette offre culturelle inédite, la passent au tamis de leur scepticisme critique et s'en emparent pour susciter, fût-ce de manière éphémère, une sphère culturelle publique, au sein de laquelle les gens puissent se voir et s'apprécier ».
Est-ce trop rêver que d'aller plus loin en souhaitant aussi que la dynamique engendrée par cette opportunité ne soit pas finalement une parenthèse mais se traduise par une politique culturelle pérenne digne d'une communauté urbaine de plus d'un million d'habitants, et riche de sa diversité multiethnique.
François Deschamps