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© Dimitri Otis; - getty
Chaque année, une expérience a lieu sur le campus lyonnais de l’Iseg Group. Les futurs managers des filières Business & finances et Communication & marketing sont conviés à des discussions à deux, à partir d’un point d’intérêt d’un des protagonistes.
Les autres, complices de l’action, sont tour à tour chargés de se montrer agréables, désagréables et absents avec leurs interlocuteurs successifs.
Dans le premier cas de figure (agréable), l’ambiance est détendue et active et, après dix minutes, il est nécessaire d’intervenir fermement pour mettre fin aux échanges. Dans le deuxième cas de figure (désagréable), des tensions sont perceptibles et, après sept minutes, il est facile d’arrêter les dialogues. Notons qu’après avoir été informés de la différence de durée, les participants expriment leur surprise et indiquent majoritairement que la seconde séquence leur a semblé plus longue que la première ! Enfin, dans le troisième cas de figure (absent), les palabres capotent avant que cinq minutes ne se soient écoulées.
Grand méchant élu vs élu invisible
Pour un cadre territorial, cette expérience est éloquente. Elle illustre deux risques récurrents des comportements des élus. Le premier est bien connu : l’élu-tyran qui fonctionne sur un mode agressif et développe chez les autres des réactions belliqueuses ou fuyantes.
Le second, plus répandu, alerte moins, mais il est également nocif : l’élu invisible qui brille par son absence et génère de la démotivation. Le plus souvent, ces attitudes sont le fruit d’une méconnaissance des enjeux managériaux ou d’une difficulté à se positionner, entre autres par rapport aux cadres territoriaux, qui conduit soit à un excès d’autoritarisme, soit à une esquive des relations. Des problématiques de positionnement qui ne sont finalement pas différentes de celles des cadres !
Au-delà de leur finalité commune de qualité du service public rendu, élus et cadres territoriaux partagent un même enjeu : l’efficience des équipes.
L’alternative : co-manager
Au-delà de leur finalité commune de qualité du service public rendu, élus et cadres territoriaux partagent un même enjeu : l’efficience des équipes. Il leur faut conjuguer leurs actions et devenir de véritables co-managers. Cette nécessité est d’autant plus prégnante qu’augmente la place des générations Y et Z dans la fonction publique territoriale. Enclins à des relations plus directes et à un respect davantage basé sur les actes que sur les statuts, les moins de 35 ans imposent une plus grande exemplarité et une plus grande cohérence à leur hiérarchie administrative et politique. Élus et cadres, au (co) travail !
TÉMOIGNAGE
Céline Du Boys, Maître de conférences à l’Institut de management public et gouvernance territoriale, Aix-Marseille Université : « Parvenir à un statu quo »
« Il est toxique pour les équipes que l’élu soit invisible car cela génère de la démotivation. Le manque de définition politique a pour conséquence un manque d’envie. Il faut parvenir à un statu quo. La stratégie et les grandes décisions de la collectivité territoriale doivent être définies conjointement entre l’élu et le DG. Ensuite, ils doivent avoir leur rôle propre. L’élu n’a pas à intervenir dans le management quotidien de la collectivité, ce n’est pas son rôle d’être dans la gestion des services car cela l’empêcherait d’effectuer son travail politique. Le DG doit gérer le quotidien, travailler en interne, tout en ayant connaissance des contraintes externes. Quant à l’élu, il doit gérer ses contraintes vis-à-vis des usagers, faire passer les idées auprès de la population et travailler à son rôle politique externe tout en ayant bien conscience des contraintes internes. »
FLASH BACK
Le retour du grand méchant élu
Dossier de la lettre du cadre de novembre 2013.
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