Marie-George Buffet : « Une loi dite d'éthique pour libéraliser davantage le sport »

La Rédaction

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Marie-Georges Buffet a écrit une lettre aux bénévoles du sport. L'examen de la proposition de loi sur l'éthique sportive commence en effet à l'Assemblée. Selon Marie-Georges Buffet, ce texte ne parle d'éthique que pour habiller une mesure qui à elle seule justifie un vote contre ce texte : la banalisation des sociétés sportives. Extraits.

Lorsque j'ai vu le titre de cette proposition de loi, je me suis dit, enfin, à quelques mois des Jeux-Olympiques, nous allons parler d'éthique ! Mais, hélas, le contenu du texte qui nous est soumis ne correspond pas vraiment au titre.

(...) On fait comme si le contexte dans lequel évolue le sport était le même qu'à la fin du siècle précédent ! Comme si nous n'étions pas confrontés à de nouveaux défis. Au lieu d'avoir l'ambition de redonner un cadre au modèle sportif français, on modifie par petites touches le droit du sport. De petites lois en cavaliers, on casse le moteur du développement du sport : le partage des missions de service public entre l'Etat et le mouvement sportif pour assurer le droit au sport.

Nous avons ainsi eu le texte sur les agents sportifs, qui a renforcé l'emprise des clubs sur les joueurs, considérés par eux comme des « actifs » que l'on vend ou qu'on achète lors du mercato. Mais nous avons eu aussi la loi sur les paris en ligne, la loi d'exception sur les stades de l'Euro 2016, l'amendement sur l'OL Land et les mesures anti-supporters de la LOPPSSI. Ces lois vont toutes dans le même sens : celui de la marchandisation du sport.
Aucune d'entre elles n'a donné de moyens nouveaux aux bénévoles et aux fédérations pour développer la pratique sportive.

Aucune d'entre elles n'a renforcé l'éthique, bien au contraire.

(...).Ce qui mine le sport, c'est d'un côté un afflux considérable d'argent non régulé, non mutualisé, et de l'autre, le rabougrissement des moyens publics, la grande misère du ministère des sports, l'indigence des collectivités territoriales. Mais cette loi ne répond à aucun de ces problèmes.

Ce texte est une sorte de taillis, qui touche un peu à tout, qui reste fort imprécis et inopérant quand sont abordées les questions éthiques, mais, qui est très précis et contraignant lorsqu'il s'agit de libéraliser.

Parler des droits des sportifs, deuxième objectif de cette loi, c'est évoquer toute une palette de mesures. Mais vous refusez nos amendements concernant la formation, la carrière des sportifs et l'accès à la pratique sportive. Sur tous ces sujets, je vous referai des propositions concrètes durant les débats.

Quand je pense aux familles qui n'arrivent pas à inscrire leurs enfants dans des clubs, je me dis : prenons cet argent qui coule à flot dans certains sports et utilisons le pour favoriser le développement des sports moins bien dotés et pour baisser le prix des licences. C'est simple : on peut augmenter la taxe sur les droits audiovisuels. Nous serions au coeur des objectifs de ce texte.

Quand je pense aux sportifs de haut niveau et à un grand nombre de sportifs professionnels, je me dis : pour que notre pays permette à l'excellence de s'exprimer, il faut sécuriser les parcours des sportifs, de la formation à la reconversion. Il faut des moyens pour les CREPS, revaloriser les diplômes et ouvrir des passerelles pour l'avenir.

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