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L’intention est bonne. Le discours policé et efficace. Le 5 octobre dernier, devant les élus du congrès de l’Assemblée des communautés de France (ADCF), Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires, s’apprête à livrer ce qui s’apparente à une plaidoirie.
La petite musique des évidences
Depuis quelques semaines, une petite musique s’élève, des salons parisiens aux sous-préfectures de la France rurale : le macronisme serait d’essence plus métropolitaine que périphérique, plus urbaine que rurale, etc. Pour le ministre, ancien président de la communauté d’agglomération du bassin d’Aurillac, ancien sénateur, auteur de nombreux rapports et autres interventions sur le thème de « l’intelligence territoriale », ce soupçon de favoritisme territorial n’est pas supportable.
Il lance donc sa contre-offensive calinothérapeuthique en rappelant d’abord que ce gouvernement est le premier depuis 2013 à ne pas avoir baissé la dotation globale de fonctionnement. Puis il déroule des évidences pour exciper de sa bonne foi : « je n’oppose jamais l’urbain et le rural » ; « la France est un pays de diversité. Nous devons en tenir compte » ; « dans ce pays, il faut faire valoir ce qui marche bien. Certains territoires ruraux se portent bien, il faut aussi le dire » ; « je connais les risques de fractures qui s’amplifient. Entre territoires Politique de la ville et métropoles, par exemple ».
Il existerait donc deux niveaux de lecture de la coopération intercommunale : celui des estrades médiatiques et celui de la vie concrète.
Enfin, il adresse un dernier clin d’œil aux acteurs locaux, insistant sur le « rôle de la montée en puissance de l’intercommunalité qui a permis de créer des territoires de projets ». Souvent démonétisée, uniquement lue sous le prisme de la contrainte législative et des guerres de clochers picrocholines, il existerait donc deux niveaux de lecture de la coopération intercommunale : celui des estrades médiatiques et celui de la vie concrète, « avec des projets majeurs qui n’auraient jamais vu le jour sans l’appoint des intercommunalités ».
Le numérique, l’allié le plus sûr de la cohésion des territoires
« La cohésion renvoie à la notion d’alliances entre territoires. C’est à l’État de s’adapter à la réalité des territoires. Ce sont avant tout des espaces de vie. Des hommes et des femmes circulent, nous sommes face au défi de la mobilité. Nous avons donc à mener une politique de l’accès. C’est sur cette question de la solidarité entre villes et campagnes que nous souhaitons travailler », poursuit le ministre.
Et d’égrener le mode opératoire de l’action de l’État, notamment en ce qui concerne le déploiement du numérique, prérequis indispensable de leur épanouissement. La promesse du bon niveau de débit et du très haut débit pour tous sera tenue, respectivement pour 2020 et 2022, assure-t-il, et c’est l’État, dans un surplomb très gaulliste, qui en sera le garant, et non les opérateurs privés, qui ont tendance à faire la pluie et le beau temps numérique dans les territoires. « Je les ai réunis pour leur faire passer un message très clair et non négociable : il est hors de question qu’ils remettent en cause ce que vous avez fait à l’échelle des territoires ».
Sans numérique, la cohésion des territoires resterait chimérique.
Patience, donc… Car l’enjeu est « hénaurme » ! Un territoire national numériquement au poil, ce sont des maisons de santé qui marchent, une télémédecine enfin crédible, du télétravail rendu possible, etc. Sans numérique, la cohésion des territoires resterait chimérique.
Il faudra agir de même avec les territoires prioritaires de la Politique de la ville et les 5 millions de Français qui y vivent et échappent depuis 40 ans – date anniversaire de la Politique de la ville cette année – à un semblant de convergence avec les grandes villes, voire même les territoires ruraux. Rappelons une tautologie : il existera toujours des territoires plus pauvres, d’autres plus riches. Une seule politique s’impose face à cette évidence : œuvrer à leur complémentarité… Jacques Mézard a lancé le chantier. Il sera attendu au tournant par les élus.
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