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Les noms de rue sont un domaine qui échappe largement à l'égalité femmes-hommes. Certains se sont penchés sur le sujet pour montrer l'ampleur des dégâts.
« Mapping diversity » est un projet qui vise à dévoiler le manque de diversité et de représentativité dans les noms de rue des principales villes d’Europe. La plateforme a créé un site internet dans lequel sont inventoriés les résultats d’un immense travail d’enquête et de compilation de données : 145 933 rues ont été recensées, dans 30 grandes villes européennes, situées dans 17 pays différents. Les résultats de ce travail sont édifiants, abyssaux même, et se résument finalement en un chiffre : les hommes blancs (riches, célèbres, puissants ou les trois) trustent plus de 90 % des rues portant des noms de personnes dans ces villes.
Un peu de détail ne nuit pas, et peut éclairer à la fois la place de la France dans ce triste palmarès, et l’ampleur des dégâts d’une manière générale. Commençons par le général : Stockholm s’en sort le mieux, avec 19,5 %, 13,4 % et 12,1 % de ses rues qui portent des noms de femmes, suivie par un trio espagnol (Madrid, Séville et Barcelone), entre 18,7 et 15,7 %. Les lanternes rouges sont Prague (4,3 %), Athènes (4,5 %) et Debrecen (2,7 %), Et la France là-dedans ? Peu brillant, qu’on en juge un peu : Paris et Lyon sont à la 10e et à la 11e place, avec respectivement 8,6 et 8,5 %.
Mais, c'est évident, les noms de femmes ne font pas tout : sur les 10 femmes dont les noms sont les plus donnés, seule Marie Curie n’est pas une sainte ou un personnage biblique. La « vierge Marie » est, à elle seule, le nom de 365 rues. Et nos villes alors ? On apprend sur le site que Paris compte 7 005 rues, dont 4 135 portent un nom de personne et, donc, 3 766 d’hommes. Et sur les 356 qui portent des noms de femmes, la carte nous montre que dans la très grande majorité, elles sont courtes et souvent étroites (une recherche personnelle nous a appris que seule une rue portant le nom d’une femme figure parmi les 100 plus longues voies parisiennes). L’explication est finalement simple ; on n’a entrepris que récemment de baptiser les rues avec des noms de femmes, mais comme on n’en est pas encore à débaptiser des rues pour leur faire de la place, on ne peut donner leurs noms qu’à de nouvelles rues, dans des quartiers neufs (très rares à Paris) ou créés dans des interstices de rues plus anciennes. Bref, en un mot comme en cent : portion congrue.