529-dossier-1
© Elizabeth Fernandez - gettyimages
Nous lui avons posé la question : voyez-vous le retour de l’être aimé ?
Réponse de notre voyante extralucide : oui, je vois le retour de l’amour de l’État pour l’être aimé (les élus locaux), grâce aux philtres magiques des fétiches en jaune.
Ce retour de l’être aimé, c’est celui de la réforme territoriale ? Ou du couple entre élus locaux et nationaux ?
Les deux. Le président de la République a bien compris qu’il devait revenir aux amours traditionnelles avec les corps intermédiaires, d’où une réforme territoriale version câlinothérapie (incarnée par Jacqueline Gourault) loin des rodomontades initiales (les associations d’élus n’ayant pas non plus été toutes constructives).
Quelles preuves d’amour voyez-vous dans votre boule de cristal ?
Le cap présidentiel, post-Grand débat national (GDN), est de « réconcilier la métropole, la ville moyenne et le rural car ce sont des mêmes projets qu’il faut faire émerger dans ces espaces que l’on a trop longtemps divisés ». On se rapproche, plus concrètement, des preuves d’amour avec une phrase présidentielle claire, sur le souhait au sommet de l’État de « conforter [le] rôle [des élus locaux] par un statut digne de ce nom et simplifier les règles […] parfois subies ».
Un préprojet de loi (sur « l’engagement ») devrait être adopté en conseil des ministres en juillet
Les élus vont donc se voir offrir un beau costume sur mesure ?
Un préprojet de loi (sur « l’engagement ») devrait être adopté en conseil des ministres en juillet : statut, formation, validation des acquis du mandat (VAE)… et peut-être responsabilité. Avec sans doute un retour des indemnités de fonctions dans les syndicats inclus dans les périmètres des EPCI à fiscalité propre (pour les seuls présidents ; alors que ces indemnités devaient disparaître en 2020 par un effet différé de la loi Notre).
Pas de fermetures, ni d’hôpitaux, ni d’écoles, sans l’accord du maire, d’ici à la fin du quinquennat
C’est tout ?
D’autres baumes seront apposés sur les corps endoloris des collectivités :
- pas de fermetures, ni d’hôpitaux, ni d’écoles, sans l’accord du maire, d’ici à la fin du quinquennat ;
- retour, sur décisions départementales, à 90 km/h sur certaines voies ;
- loi de décentralisation visant à remédier aux « irritants de la loi Notre » et à apaiser les maux causés par les communautés XXL et les méga-régions.
Consultation alternative
Quelle protection, ô grand Marabout, contre le maléfice « du mille-feuille » ? Le grand marabout Macron lui-même n’arrive pas à conjurer ce sort. En octobre 2018, il voulait fusionner, sur la base du volontariat, départements et métropoles.
Mais parlait-on :
- de fusion avec les départements, avec extension des métropoles aux frontières départementales conduisant à une disparition pure et simple du département ?
- ou de transposer le modèle lyonnais où le département, au contraire, est resté (mais pour la part non métropolitaine du périmètre) ?
- ou d’une adaptation du modèle lyonnais avec un conseil départemental où siègent les élus métropolitains pour la part métropolitaine et les élus des intercommunalités pour le reste ?
Les charmes du grand marabout n’y ont rien fait. Pire : Territoires unis (AMF-ADR-ARF) ont tenté de lui jeter un sort, en lien avec le grand sorcier Larcher. Et Nice, Toulouse, Bordeaux, un temps pressenties, ont cessé d’y croire. Reste, à l’horizon, une probable fusion pure département-métropole dans les Bouches-du-Rhône, du flou ailleurs et de grandes incertitudes pour toute l’architecture de la métropole du Grand Paris. Et depuis, contre le maléfice du mille-feuille, le grand marabout Macron y est allé avec force d’incantations. Mais de philtre miracle, il ne semble pas qu’il y ait le début d’un commencement à ce jour…