Piscines, médiathèques et écoles souffrent de la crise

La Rédaction

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Les banques ne veulent plus prêter aux collectivités et contraignent les villes et départements d'Ile-de-France à sabrer dans le financement de nouvelles écoles, piscines et médiathèques.
"Tout le monde est à l'agonie", résume Stéphane Gatignon, le maire EELV de Sevran, en Seine-Saint-Denis. Dans son département, le conseil général a prévenu fin janvier qu'il allait suspendre pour trois ans les nouvelles subventions aux projets d'investissements des communes. En jeu: des médiathèques, des constructions d'écoles primaires, de haltes-garderies, des piscines..."Le contexte financier nous oblige aujourd'hui à faire des choix difficiles", avait alors reconnu le président PS du département, Claude Bartolone.

Sevran, Dexia et la facture
A Sevran, la banque Dexia, acteur essentiel du financement des collectivités en cours de démantèlement, a signifié à la commune qu'elle ne renouvellerait pas sa ligne de trésorerie, qui lui permet de régler les factures des travaux. "On risque de ne pas pouvoir payer les entreprises", prévient Stéphane Gatignon.
Dans l'Essonne, Grigny, qui avait été placée sous la tutelle de la préfecture en 2009 après avoir été contrainte d'adopter un budget en déséquilibre, attend un prêt-relais pour une opération de rénovation urbaine.

« Il faut jongler »
"Il faut blinder les dossiers et jongler sans arrêt. Les banques savent qu'on est fragile et sont donc encore plus exigeantes en nous imposant des taux plus hauts que ceux du marché", explique Jean-Pierre Lecocq, le directeur général des services de la ville. Mais avec l'aggravation de la crise financière en 2011 et le démantèlement de Dexia, peu de collectivités sont désormais épargnées.
Le Val-de-Marne, relativement peu endetté, a renoncé fin 2011 à emprunter 60 millions d'euros. Seule une banque, la Société Générale, avait répondu à son appel d'offres, en proposant... quatre millions d'euros. "En 2006, on avait des offres représentant cinq fois le montant demandé. (...) Cette année on va avoir les pires difficultés à obtenir du un pour un", décrit Edouard Nolorgues, sous-directeur du conseil général de Seine-et Marne en charge des Finances.
Dans le même temps, les marges des banques se sont envolées, selon le responsable. "Si cela perdure on n'aura pas d'autre choix que de ralentir, voire annuler des investissements", prévient-il.

« On hiérarchise »
A Villejuif, ville communiste du Val-de-Marne, les marges des banques ont parfois "doublé", raconte Fayçal Arrouche, adjoint aux finances. "On peut financer" les projets, mais "on hiérarchise, on essaye de ne pas tout faire en même temps", explique l'élu. Pour Mehdi Fadli, analyste à l'agence de notation Standard & Poor's, cette "raréfaction du crédit" est "une situation nationale", qui "touche l'ensemble des échelons territoriaux".
A l'échelle du pays, l'influente agence estime entre 18 et 20 milliards d'euros pour 2012 les besoins des collectivités locales, qui peuvent emprunter pour leurs investissements mais pas pour leur fonctionnement.
Face à ces besoins, le gouvernement a décidé de débloquer une enveloppe de la Caisse des dépôts de cinq milliards d'euros, en attendant que soit mise sur pied une nouvelle banque des collectivités. Lundi, les établissements financiers français se sont par ailleurs engagés à octroyer environ 10 milliards de nouveaux crédits.
Il resterait à trouver entre 3 à 10 milliards, selon les estimations.

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