DOSS_XavierGalaupABF2
© Abf
Xavier Galaup, président de l’Association des bibliothécaires de France.
Maintenant que les communautés de communes ou les communes nouvelles ont achevé leur extension, vient le temps de l’organisation d’une politique commune : a-t-elle commencé pour ce qui est des politiques de lecture publique ?
Hormis quelques réseaux qui ont commencé, voire bien avancé sur la prise en compte de la politique de lecture publique au sein de la politique culturelle, on est au mieux dans une phase de diagnostic, mais souvent dans un état d’attente. Certains professionnels trouvent parfois le moyen de travailler ensemble même si rien n’est encore officialisé.
Certains professionnels trouvent parfois le moyen de travailler ensemble même si rien n’est encore officialisé
Que propose votre association dans cette phase de mise
en place ?
Nous sommes là pour donner des outils aux collègues pour l’organisation ou la mutualisation des actions. Nous proposons notamment deux outils phares : un logiciel communautaire, qui est un catalogue de bibliothèque commun au réseau, et la mutualisation de l’action culturelle. Mais nous proposons également des fiches pratiques sur notre site, élaborées par les adhérents membres de la commission bibliothèque. Il y a des fiches sur la compétence culturelle, l’équipement culturel en réseau, l’animation en commun, les catalogues en commun, mais aussi des fiches sur l’organisation des réseaux de lecture publique ou des pistes de schémas d’organisation pour les réseaux. Elles ne sont jamais figées car elles sont soumises à la communauté professionnelle pour qu’elle les améliore en continu. Quant à la question des horaires, notre position c’est de raisonner en complémentarité, sur une proximité géographique acceptable : ouvertures le dimanche, en soirée…
Lire aussi : Les fusions de communes : profiter des avantages, éviter les écueils
Avez-vous noté, déjà, des tendances qui se dégagent dans l’élaboration des politiques de lecture pour les communautés de communes qui se sont lancées ?
Nous avons mené une enquête sur la typologie des réseaux, pour laquelle nous avons recueilli 120 réponses. Ce n’est pas suffisant mais nous avons pu constater l’émergence d’une tendance, celle de la carte unique. C’est compliqué à faire en matière de priorités car une carte unique demande d’harmoniser la tarification. A minima, les collectivités trouvent un mécanisme de compensation, mais les négociations prennent du temps. Ensuite, cette enquête a fait ressortir le fait que la circulation des documents se passe généralement bien : les lecteurs ont la possibilité d’emprunter ou de rendre dans différents points du réseau. Beaucoup possèdent des logiciels communs.
Lire aussi : Que peut apporter l'intercommunalité culturelle ?
Les économies d’échelle seront-elles au rendez-vous ?
Il est certain que la création de réseaux permet de mutualiser des fonctions support, avec un partage des tâches techniques sur le réseau, des fonctions RH communes. Mais souvent, l’agrandissement d’un réseau nécessite des fonctions de coordination. Je suis donc plutôt pessimiste sur le fait de faire des économies d’échelle. En revanche, le service aux habitants sera amélioré, c’est sûr. Aujourd’hui, une bibliothèque ne peut plus être isolée si elle veut proposer une action culturelle dynamique et des fonds plus grands. L’important, de mon point de vue, est que les intercommunalités se saisissent vraiment de la lecture publique comme d’un véritable axe de politique culturelle. La lecture publique est multifonction, facile d’accès, c’est un outil formidable pour donner une identité à une intercommunalité.