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Devant les perspectives de pénuries chroniques d’eau, les politiques peinent à proposer des solutions d’adaptation durables de nos modes de consommations. En face de ces propositions de court terme, les citoyens s’organisent.
Méga-bassines dans les Deux-Sèvres, sécheresse hivernale, canicule en Espagne… impossible de passer à côté de l’actualité brûlante autour du manque d’eau. Alors que le niveau de deux tiers des nappes phréatiques françaises reste sous les normales en avril et que cette situation devient structurelle, on peut se demander si l’eau est toujours une ressource renouvelable, posant de façon urgente la question de l’adaptation des territoires aux impacts déjà visibles et dramatiques du changement climatique.
Solutions chirurgicales
Ainsi, le gouvernement ne tardait pas à présenter son plan Eau, demandant des efforts généralisés dans tous les secteurs pour réduire de 10 % les consommations. Une sobriété globale pour des réalités territoriales bien différentes en fonction de la disponibilité de la ressource, de la qualité des réseaux mais également de ses usages selon le paysage agricole, industriel, topologique ou social du territoire.
Pendant ce temps, élus locaux et citoyens prennent la mesure de la catastrophe en cours et mettent en œuvre des solutions à la racine du problème
On peut également s’inquiéter des solutions techniques et chirurgicales déployées pour endiguer un problème plus global et systémique. À l’heure où la canicule frappe à la porte de la France, lutter contre les fuites d’eau des réseaux ne consiste-t-il pas à « mettre un pansement sur une hémorragie interne » quand on connaît la consommation d’eau du maïs. Ne sommes-nous pas en train de faire de la "mal-adaptation" – repousser des problèmes à demain, voire les empirer en accentuant des inégalités ? C’est en tout cas ce qui est reproché aux retenues d’eau, accusées d’assécher les nappes l’hiver pour bénéficier à une agriculture intensive.
Une prise progressive de conscience
Pendant ce temps, élus locaux et citoyens prennent la mesure de la catastrophe en cours et mettent en œuvre des solutions à la racine du problème – d’aucun les aurait taxés de radicaux hier quand aujourd’hui ces décisions semblent découler du bon sens. Ainsi, les maires des villages du pays de Fayence (Var) annoncent la suspension des permis de construire pour cinq ans afin de limiter de nouveaux usages de l’eau extraite d’un sol résolument sec. Dans le Poitou, des habitants de la commune de Migné-Auxances se rassemblent pour organiser un achat groupé de récupérateurs d’eau et réfléchir ensemble à une utilisation plus responsable de l’eau potable.
Chacun prenant progressivement conscience de l’ampleur du problème, reste à oeuvrer de façon pragmatique, systémique et concertée
Chacun prenant progressivement conscience de l’ampleur du problème, reste à œuvrer de façon pragmatique, systémique et concertée pour prévenir les effets de la sécheresse dans chaque territoire en suivant les conseils de la chercheuse du CNRS Agathe Euzen : organiser le débat démocratique à l’échelle locale pour hiérarchiser les besoins, prioriser les usages, en plaçant l’intérêt général devant les intérêts économiques de courts termes.