Pression démographique mondiale : regards sur le monde de demain

Julien Damon
Pression démographique mondiale : regards sur le monde de demain

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© axily - fotolia

Le monde de demain sera plus habité et plus urbain. Les chiffres donnent le vertige. Un milliard d’Africains en plus d’ici à 2050. Une population mondiale à 70 % urbaine. Les conséquences économiques et environnementales sont considérables. Deux ouvrages, aux thèses et méthodes opposées, permettent un point contrasté autour de ces sujets majeurs.

Il faut 3 000 litres d’eau pour produire un hamburger. Et environ 4 litres pour produire une bouteille en plastique d’un litre… contenant de l’eau. Le nombre total de véhicules à moteur produits depuis 1900 a dépassé 2 milliards en 2013. La demande de nourriture va au moins doubler d’ici à 2050. Tous ces problèmes et bien d’autres vont s’aggraver dans les décennies à venir, rendant, selon Stephen Emmott, la terre invivable.

Cette approche catastrophiste est pondérée par deux experts démographes qui rappellent d’abord que la menace de la « bombe démographique », la marche supposée inexorable vers le surpeuplement, obsède nos sociétés depuis cinquante ans. La population croît, partout et surtout là où les hommes sont les plus fragiles. Pourtant, l’histoire enseigne que de graves crises ont régulièrement perturbé cette croissance, et si l’on se tourne vers l’avenir, la population mondiale n’apparaît pas non plus comme un flot incontrôlable.

10 milliards, et moi et moi…

Stephen Emmott, responsable du département des sciences informatiques au sein de Microsoft Research, tire le signal d’alarme. Changement climatique accéléré, inondations, incendies, érosion, dégradation des sols, incapacités des dirigeants. Tout y passe. À dix milliards d’êtres humains à l’horizon 2050, la terre promet d’être un enfer. La surexploitation des ressources naturelles conjuguée à une démographie incontrôlable pourrait donc avoir des conséquences incalculables. En conclusion de son livre, à la question de savoir ce qu’il compte faire pour faire face à ces menaces, un de ses meilleurs amis scientifiques répond à l’auteur : « apprendre à mon fils à se servir d’un fusil ».

Emmott ne fait donc pas dans la nuance. Il y a assurément de la provocation dans le ton et dans le format de ce petit ouvrage incisif. Il présente néanmoins l’intérêt de la clarté. Avec notamment des courbes bien renseignées (sur un temps très long) et particulièrement parlantes, au sujet des émissions mondiales de carbone, du nombre de véhicules à moteur, ou de la consommation d’eau. Mais la courbe la plus impressionnante est bien celle de la population mondiale entre -10 000 et 2100. À voir pour les courbes, mais avec un œil critique sur une thèse trop forte et assainie sans grande rigueur.

La bombe P désamorcée

La bombe P pour « population » a beaucoup fait trembler et continue à inquiéter quand la perspective est celle d’un monde à 10 milliards d’habitants d’ici moins de 40 ans. Les démographes Yves Charbit et Maryse Gaimard proposent une remise en cause des thèses néomalthusiennes trop générales. Le point de vue est vif et argumenté. Il ne sert à rien de traiter d’une population mondiale quand les différences de contexte ne permettent pas la mise au jour de lois globales. Les théories ressassées comme la transition démographique n’ont rien d’universel. Toujours, en matière démographique, il faut considérer les contextes (notamment pour les catastrophes aux bases souvent politiques – de l’esclavage au Grand Bond de Mao). La perspective de l’ouvrage, très solide, mettant en avant les fractures internationales et infranationales, signalant le rapprochement de la mortalité des riches et des pauvres, est d’en finir avec la peur du nombre. En soulignant les cercles vertueux possibles, tout en s’interdisant les certitudes.

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