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Un problème sociétal
La loi Sauvadet contient un volet « lutte contre la discrimination », dont la mesure la plus emblématique est celle du quota de 40 % de nominations de personnes de chaque sexe dans les emplois supérieurs de la fonction publique. Ce quota est entré en application de façon progressive de 2013 à 2018 et son non-respect donne lieu à paiement d'une contribution. Après les pénalités SRU pour les 20 % de logements sociaux, voici la pénalité « égalité homme-femme » pour les 40 % de femmes aux manettes des emplois de direction ! La mode de la discrimination positive à l'américaine s'importe, mais la contrainte est-elle la seule efficace pour faire évoluer les mœurs ?Ma première impression est que la politique des quotas est assez blessante. Je ne veux pas être recrutée parce que je suis une femme mais parce que je suis compétente. Or, la compétence n'a pas de sexe, il y a les bons et les mauvais, quel que soit leur sexe. Pourquoi imposer les 40 % si, à l'occasion d'une campagne de recrutement de l'ensemble de la direction générale d'une grosse collectivité, il ressort que seule une proportion de 20 % de femmes correspond au profil recherché ?Ma deuxième réflexion est que la politique des quotas ne réglera pas le vrai problème de la position des femmes. Ce problème est sociétal pour les mères de famille, en situation de couple, monoparentale ou de divorce, qui ont un mal fou à accéder aux postes à hautes responsabilités pour des raisons d'organisation de vie et de logistique.La compétence n'a pas de sexe, il y a les bons et les mauvais, quel que soit leur sexe.
Quelques propositions
Quelques propositions me paraissent plus « payantes » que les quotas pour favoriser la carrière des femmes.Pourquoi ne pas cesser la pratique bien française de la réunionite aiguë et imposer qu'aucune réunion ne soit fixée après 18 heures ? Cela permettra d'ailleurs aux hommes cadres dirigeants d'aider leur femme dans les tâches ménagères...Pour les réunions incompressibles (assemblée délibérante, concertation avec la population, réunion de l'exécutif) pourquoi ne pas instaurer une prise en charge obligatoire pour la collectivité employeur des frais de garde d'enfant à domicile ? N'est-ce pas aussi important que les frais de représentation ou d'autres avantages en nature liés à la fonctionnalité ?On pourrait imaginer, pour que les femmes n'hésitent plus ni à préparer un concours ou un examen professionnel exigeant, ni à effectuer une mobilité statutaire que des facilités d'organisation du temps de travail puissent leur être accordées.Ces modestes pistes permettront aux femmes de ne pas renoncer aux belles carrières, aux postes contraignants et à appréhender avec confiance les défis de l'emploi fonctionnel ou de direction.Bref les compétences qui n'ont ni sexe ni religion doivent être jugées de façon égale et juste. L'intervention de la collectivité pourrait se situer au niveau des conditions extérieures qui sont à rééquilibrer.Ceci étant, en attendant le grand soir de l'harmonie de notre ordre social, on peut tenter l'expérience des quotas et analyser la situation après quelques années. De nombreuses collègues (consœurs en particulier) prétendent que c'est le moins mauvais des systèmes, que seule la menace de la contrainte permettra de faire bouger les choses...