Près d'un responsable des ressources humaines sur trois a déjà été confronté à des problématiques liées à la religion dans son entreprise, signe que la question n'est pas "marginale", indique une étude rendue publique lundi, alors que l'idée de revoir la législation a ressurgi récemment.
Après l'annulation fin mars par la Cour de cassation du licenciement d'une employée voilée de la crèche Baby Loup de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), le président François Hollande s'était prononcé en faveur d'une intervention limitée du législateur, cantonnée aux structures de la petite enfance. Mais des élus UMP ont déposé une proposition de loi sur la neutralité religieuse, qui doit être examinée à l'Assemblée le 6 juin. Elle propose de modifier le code du travail pour que le règlement intérieur d'une entreprise ou association puisse réglementer le port de signes et les pratiques manifestant une appartenance religieuse.
Toutefois, selon l'enquête de l'Institut Randstad et de l'Observatoire du fait religieux en entreprise (Ofre), l'opportunité d'une loi ne semble pas convaincre grand monde dans les entreprises. Plus de la moitié des responsables des ressources humaines (RH) interrogés (55%), 75% des managers de terrain et 50% des salariés jugent en effet que cela n'aurait pas grande utilité voire que ce serait dommageable.
Pour plus de 70% des personnes interrogées, il revient à l'entreprise d'adopter une politique claire sur ces questions.
Selon l'étude, 28% des responsables RH ont été confrontés à la question . Celle-ci est davantage une préoccupation dans les grandes villes, relève l'enquête: en Ile-de-France, 43% des responsables RH rapportent ainsi avoir connu ou connaître des problèmes liés au fait religieux, tandis qu'ils sont moins de 5% en Bretagne.
Les problèmes identifiés sont notamment le refus par un salarié de travailler avec une femme ou sous les ordres d'une femme, la prise de pause en dehors des horaires prévus, la prière sur le lieu de travail ou encore le port de signes religieux ostentatoires alors que ce n'était pas le cas auparavant.
Même si peu de cas (6%) amènent à des situations de blocage ou de conflit, l'essentiel de problèmes étant résolus localement, 41% des cadres RH pensent que la question va devenir de plus en plus problématique.
Du côté des managers de terrain, 80% indiquent ne pas ressentir de malaise face à cette question, même si 42% reconnaissent que cela influe sur leur façon de procéder lorsqu'ils y sont confrontés.
Chez les salariés, la religion n'est pas un sujet pour la majorité: 68% des sondés indiquent ne pas connaître, ou seulement partiellement, la religion de leurs collègues.
L'enquête a été réalisée entre septembre 2012 et mars 2013, soit avant le jugement de l'affaire Baby Loup, auprès de 210 cadres des ressources humaines, 481 managers de proximité et 679 salariés.
AFP/CC