Les réseaux sociaux dans l'entreprise ou les plates-formes collaboratives remettent-ils en cause la productivité ou, au contraire, ont-ils des effets stimulants tant sur les salariés qui les utilisent que pour leurs employeurs ?
La question agite à la fois les structures internes des entreprises (DRH, comités de direction) et les concepteurs de ces outils qui voient dans l'entreprise un nouveau territoire à conquérir.
Sans surprise, Google, qui a raté le coche sur les réseaux sociaux grand public et peine à rattraper son retard, prépare une version Google+ pour l'entreprise. Pour avoir la perception des clients potentiels sur un tel outil, Google a commandé une étude à Millward Brown.
Le cabinet a interrogé un échantillon de 2.700 cadres dirigeants et opérationnels à travers sept pays d'Europe, dont la France. Parmi les conclusions rendues publiques, il ressort que 75% des cadres supérieurs européens pensent que les outils sociaux vont impacter la stratégie de leur entreprise.
Pour eux, l'utilisation des réseaux sociaux dans le monde professionnel pourrait permettre de faire converger plus simplement les idées et suggestions dans des équipes géographiquement dispersées (79%) et permettrait une amélioration de la productivité (76%) et un gain de temps dans la recherche d'information, de contacts et d'expertise (72%).
69% des sondés à travers l'Europe pensent que les entreprises qui adoptent les outils sociaux vont se développer plus vite que celles qui les ignorent.
Par contre, Millward Brown précise que plus d'un tiers des sondés en France craignent que les réseaux sociaux en entreprise consomment du temps et posent des problèmes de confidentialité. Pour cette partie de l'échantillon, ils ne peuvent être que marginaux dans la réussite de l'entreprise.
Le principal frein semble être du côté de certains managers qui craignent que leur organisation leur échappe.
Du côté des salariés, les outils sociaux dans l'entreprise risquent bien de fragiliser encore plus la frontière entre vie privée et vie professionnelle. Il n'y a pas d'heure pour partager des idées et le besoin d'échanger, combiné aux outils de la mobilité, risque de placer la plupart des salariés dans la même position que leurs dirigeants en plaçant l'entreprise en arrière plan de leurs pensées 24h sur 24.
La question risque de provoquer bon nombre de débats, mais le succès des réseaux sociaux ouverts, comme LinkedIn ou Viadeo, montre la voie. Si les salariés se mettent à les utiliser à titre personnel pour s'inscrire dans des communautés destinées à valoriser leur parcours professionnel, l'entreprise n'aura guère d'autres choix que de les suivre dans ces usages, à la fois pour des questions d'image et de préservation de la confidentialité.