Retraites : on entre dans le vif du sujet

La Rédaction

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Première étape d'une concertation prévue tout l'été, patronat et syndicats vont défiler jeudi à Matignon pour soumettre à Jean-Marc Ayrault leurs "lignes rouges" à ne pas dépasser et leurs propositions sur les retraites, une réforme à hauts risques pour François Hollande et le gouvernement.

La CFE-CGC ouvrira le bal jeudi dès 09H00 puis les rencontres se succèderont toute la journée (CGPME, CGT, FO, CFTC, CFDT, Medef, UPA).

Avant même de lancer ces discussions, le gouvernement - le premier de gauche à s'attaquer à une réforme des retraites - a déjà préparé les esprits à la nécessité de travailler plus longtemps, arguant de l'allongement de l'espérance de vie, comme l'avait fait en 2010 Nicolas Sarkozy pour justifier la fin de la retraite à 60 ans.

François Hollande a affirmé le 20 juin lors de la conférence sociale qu'une hausse de la durée de cotisation était la mesure "la plus juste". Il a totalement exclu un nouveau recul de l'âge légal de départ, qui doit déjà atteindre progressivement 62 ans (pour la génération 1955).

Mais le gouvernement a prévenu à plusieurs reprises que les "efforts" devraient être "partagés par tous": retraités, actifs et employeurs.

Pour lancer le débat, Jean-Marc Ayrault a d'abord donné la priorité à l'expertise.

En décembre, le Conseil d'orientation des retraites (COR) a évalué à plus de 20 milliards d'euros le déficit des retraites à l'horizon 2020, tous régimes confondus, confortant la nécessité d'une réforme vivement réclamée par Bruxelles.

Une commission d'experts a ensuite été mise en place autour de la conseillère d'Etat Yannick Moreau.

Son rapport, remis le 14 juin, a suggéré plusieurs pistes, dont l'allongement de la durée de cotisation jusqu'à 44 ans (contre 41,5 ans), à un rythme plus ou moins rapide selon les scénarios, ce qui repousserait de fait l'âge de départ.

Les fonctionnaires aussi

Le cas des fonctionnaires sera aussi sur la table, alors que le rapport Moreau suggère un rapprochement de leur régime avec celui du privé.

Toutefois, après l'annonce du gel de leurs salaires en 2014 pour la quatrième année, et face à la fronde syndicale, le gouvernement pourrait finalement choisir de les épargner.

Les métiers pénibles, une question chère à la CFDT, et les droits familiaux, qui doivent permettre de gommer les inégalités hommes-femmes, seront également au coeur de la concertation.

"C'est un premier round de concertation" au cours duquel "le gouvernement va écouter ce que les différentes organisations ont à dire", fait-on valoir à Matignon.

"Il y aura ensuite des rencontres avec les ministres lors desquelles elles rentreront un peu plus dans le sujet" avant "sûrement, un nouveau tour de piste avec le Premier ministre" dans la seconde partie de juillet, a-t-on ajouté.

Mais l'exercice s'annonce délicat, tant les points de vue paraissent inconciliables: la CGT s'oppose catégoriquement au principe de travailler plus longtemps quand le Medef est arc-bouté sur le recul de l'âge légal de départ.

"Toute réforme est une ligne rouge pour la CGT", observe-t-on dans l'entourage de François Hollande, qui compte plutôt s'appuyer sur les syndicats réformistes comme la CFTC, la CFDT et la CFE-CGC.

Réforme d'ampleur ou mesurettes? "Dans les deux cas, on sera critiqué", affirme encore l'entourage du chef de l'Etat, conscient "qu'il y aura des mouvements sociaux puisque la CGT les a annoncés".

La centrale cégétiste a en effet appelé à une mobilisation dès la rentrée.

Reste à savoir ce que décidera Force ouvrière: son secrétaire général, Jean-Claude Mailly, est également hostile à la hausse de la durée de cotisation mais pourrait accepter une augmentation des cotisations, acquittées à 40% par les salariés et à 60% par le patronat.

Après la concertation, le gouvernement tranchera pour présenter en septembre un projet de loi.

Alors que la Cour des comptes vient de mettre en garde l'exécutif contre le poids du déficit des retraites dans les comptes sociaux, l'opposition de son côté l'appelle au "courage".

"La gauche est face à ses responsabilités, et nous allons voir si le courage et l'intérêt général sont pour elle supérieurs à la démagogie et au clientélisme", a déclaré l'ex Premier ministre UMP François Fillon.

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