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© messenjah
Un projet de démocratie numérique doit être expliqué de façon à mettre les habitants au même niveau d’information que les administratifs et les élus avec lesquels ils vont échanger.
L’information en amont : indispensable pour débattre d’un sujet
Le processus de participation, les délais dans lesquels les propositions seront traitées, les retours qui seront effectués doivent être clairement explicités. La communication sur le projet est donc essentielle. Puisqu’elle a une vocation pédagogique, elle peut utilement s’inspirer des MOOC : une vidéo de quelques minutes, avec un quiz en appui, rend l’information accessible.
On peut aussi privilégier l’infographie : une image est traitée 60 000 fois plus rapidement que du texte par notre cerveau !
Ça se passe ailleurs
Les conditions de réussite à Jun (Espagne) :
• 80 ordinateurs en libre-service
• Wifi gratuit dans toute la ville
• Réponses via Twitter en 24 heures maxi
• Cours d’alphabétisation numérique
• Accès à internet déclaré droit universel des citoyens.
Élus, administratifs : tous au diapason !
Autre condition de réussite, la sensibilisation et la formation. Les notions d’innovations sociales sont émergentes, si bien que pour porter les projets, il est important que les élus et les techniciens se forgent une culture commune autour du numérique. Les petits-déjeuners thématiques, ateliers découverte ou cafés numériques, associant les entreprises et les étudiants du territoire, sont autant de formes qui allient convivialité, échanges et formations pratiques.
TÉMOIGNAGE
Elsa Agbo, conseillère municipale de Lieusaint (77), chargée du numérique et de la citoyenneté : « soyez dans une disposition globale d’écoute et de dialogue ! »
La principale condition de réussite se situe en amont de la démocratie numérique, dans la confiance entre habitants et élus. Celle-ci vient de votre gouvernance : soyez dans une disposition globale d’écoute et de dialogue ! Elle vient d’avant même votre mandat, de la façon dont vous avez fait campagne et dont vous avez été élu. Évitez de considérer que vous savez déjà tout et allez chercher la parole de ceux que vous proposez de représenter ! Si la confiance est établie, alors les habitants répondront présents pour s’inscrire dans une démarche participative et le numérique pourra grandement vous aider. Sinon…
Décloisonner la collectivité
La collectivité doit également être en mesure d’apporter une réponse aux propositions qui émergeront des consultations. Difficile, dans des organisations souvent cloisonnées, de mettre en place la transversalité nécessaire. Cela suppose une organisation et l’identification d’une chaîne de traitement des interpellations impliquant les services, voire les organismes extérieurs compétents.
Pour porter les projets, il est important que les élus et les techniciens se forgent une culture commune autour du numérique.
Dans une agglomération, il est fondamental d’associer les communes, souvent les premières concernées par les propositions d’habitants. La création d’une plateforme collaborative, comme le proposent les sociétés Microsoft, Knowings ou Jalios, permet de mettre en réseau tous les acteurs concernés, d’identifier les savoirs et les expertises, de décloisonner, de partager des pratiques et de capitaliser les expériences. Il faut aussi intégrer dans l’organisation la prise en compte de la participation des habitants en amont de tout projet, pour éviter qu’ils soient consultés sur un dossier trop avancé.
TÉMOIGNAGE
Hervé Pargue, conseiller en stratégie digitale et social media management : « Comment rater une démarche de démocratie numérique… »
Trois conseils pour rater une démarche de démocratie numérique :
1. Organiser un moment de dialogue en direct sur Twitter. C’est à la mode… et c’est un non-sens : il n’y a pas assez d’internautes français sur Twitter pour en faire un espace de débat représentatif. Comme sur les chats hier, on n’y trouve que des militants pro aux questions convenues ou des opposants en mode Troll !
2. Ouvrir un forum de discussion. Les réseaux sociaux ont ringardisé les forums. Il sera désert ou occupé par les opposants, et les journalistes se moqueront de vous.
3. Proposer des pétitions en ligne (comme la ville de Paris). Une brève visite suffit pour se rendre compte du fiasco : aucune pétition en cours de publication ! »
Le contrat de confiance
Enfin, la mise en place d’une telle démarche doit s’accompagner d’une charte de démocratie participative, contrat de confiance passé entre les habitants et la collectivité. La collectivité doit s’engager et montrer qu’elle est prête à accepter la contradiction. Elle doit être transparente sur les règles de la participation et inscrire sa démarche dans le temps. Elle doit enfin être très claire sur le processus décisionnel et le devenir des contributions… et sur le fait qu’elles ne seront pas toutes concrétisées.
TÉMOIGNAGE
Benjamin Grange, secrétaire général du think tank #culture_numérique : « Pour activer la conversation citoyenne, un engagement ludique aurait du sens »
Nous avons émis des recommandations pour développer la mobilisation numérique citoyenne. Nous suggérons la mise en place d’une mission numérique institutionnelle pour digitaliser les administrations. Il faudrait aussi une plus grande transparence des données et un essor du crowdsourcing pour une action publique plus participative. Pour activer la conversation citoyenne, un engagement ludique aurait du sens. Les stratégies des marques sont à cet égard un exemple à suivre, tant elles ont su initier une relation de proximité avec leurs clients. Enfin, la généralisation de la pétition en ligne sur les sites publics pourrait favoriser une implication salutaire des citoyens dans le débat démocratique.