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Je viens de lire "Les lois naturelles de l’enfant", de Céline Alvarez ((Céline Alvarez, Les lois naturelles de l’enfant, éditions des Arènes, 2016. Le livre est centré sur les jeunes enfants, mais l’intérêt des première et quatrième parties dépasse largement la catégorie des enfants.)). Remarquable ! Elle explique qu’il faut renverser « ce flux d’énergie actuellement vertical, épuisant pour l’adulte et peu nourrissant pour les enfants » et passer ce flux « à l’horizontale en rendant aux enfants leur pleine autonomie ».
Construire la confiance
Arrêter de croire à la récompense, miser sur l’envie intrinsèque, faire verbaliser les émotions, permettre l’erreur, n’admettre aucune concession sur le respect de l’autre, ne jamais déranger l’activité intense, ni briser une recherche en cours, etc. Un livre sur la pédagogie ? Oui, et aussi un cours de management d’une singulière clarté, très convaincant, très utile à la petite bibliothèque du cadre dirigeant. Ce livre montre la construction de la confiance. Il n’y a pas de secret, ça intéresse tout le monde.
Resterions-nous tous des enfants ? Aucun persiflage de ma part, à l’aune de cette lecture, on peut tous faire le compte de ses propres erreurs. La question sérieuse que je me pose est plutôt de savoir s’il y a vraiment une différence entre la politique et le management. Alain Lambert a récemment vilipendé « la profusion des normes [qui] a tué la démocratie », moyennant quoi il dénonce le règne des administrations sur les élus. Nous aussi, dirigeants territoriaux, avons nos tableaux de bord et nos inventions procédurières. En fait, au lieu de faire confiance, tout le monde se protège en respectant les règlements et les normes et en inflige d’autres pour atteindre ses objectifs. Ainsi la cascade des méthodes de contrôle permet-elle d’imposer son pouvoir dans le sens descendant et de se protéger des critiques dans le sens remontant.
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Partager la décision
L’aversion au risque est la conséquence du refus de partager la décision. Les managers comme les politiques ont besoin d’experts pour cerner un savoir-faire proliférant. Au-delà de l’expertise, politique ou managériale, il faut prendre une décision et entrer dans la zone de risque : dans le monde du subjectif, là où on ne sait plus ni mesurer ni quantifier.
En autocratie, le chef décide. La crainte du décideur produit de la dissimulation. En dehors de quelques pervers narcissiques, personne n’aime décider en réalité. Mais en démocratie, on admet que la subjectivité de tout individu est égale, et donc on partage la décision ! Un dirigeant démocrate fait confiance aux autres comme à lui-même pour répondre à une question subjective, il ne se prend pas pour un décideur en surplomb des autres, il éclaire la ligne de partage entre le savoir et le goût, il mobilise le savoir de tous en amont et la capacité subjective quand il faut affronter un risque.
Faire confiance aux autres comme à soi-même, s’appuyer sur la volonté générale, c’est une approche de l’efficacité. Les capacités des êtres humains sont les plus prodigieuses des ressources. Est-ce que les élus aiment le peuple ? Et vous, vos collègues ? Lisez Céline Alvarez !
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