Tout savoir pour affronter (ou adopter) la 5G : un danger pour la santé ?

Franck Plasse

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Tout savoir pour affronter (ou adopter) la 5G : un danger pour la santé ?

Hand holding phone covered in aluminum foil

© AdobeSTock

LA 5G est-elle (sera-t-elle ?) dangereuse pour la santé ? Les différentes études réalisées en France concluent à des expositions modérées. Mais ailleurs, on se dit qu’il faut encore approfondir la chose. Car l’incertitude pèse toujours.

Jeudi 1er octobre, l’Autorité de Régulation des Communications Électroniques, des Postes et de la distribution de la presse annonce la fin des enchères d’attribution des fréquences 3,4 à 3,8 GhZ pour la 5G. Orange, SFR, Bouygues Telecom, Free ont ainsi déboursé 2,786 milliards d’euros pour acquérir des blocs leur permettant de déployer des offres 5G…

Cette opération divise les parlementaires, les maires (Lyon, Bordeaux, Marseille : les maires de 11 grandes villes demandent un moratoire sur la 5G) et dans une certaine mesure les Français (Si 63 % pensent que les pouvoirs publics doivent faciliter son déploiement en France, 48 % sont favorables à la suspension du déploiement… et 20 % sont favorables à la destruction des antennes ! 75 % ne souscrivent pas au choix du gouvernement de vendre aux enchères les fréquences sans consultation du public (Perception du déploiement de la 5G en France https://g5raisons.fr/). Le sujet est complexe, à la croisée de plusieurs champs d’expertise pointus et souvent investigués de manière incomplète. Dans son étude "La controverse de la 5G", Gauthier Roussilhe, designer et chercheur spécialiste des impacts environnementaux du numérique répertorie six « controverses ». Nous nous centrons ici sur trois enjeux intéressants directement les collectivités locales – santé, environnement et espace public – sous forme d’un panorama synthétique et factuel.

Dans le cadre du déploiement de la 5G, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail étudie les risques sanitaires et rendra ses conclusions… en 2021 ! Pour l’heure, seul un rapport préliminaire de 2019 est disponible (Exposition de la population aux champs électromagnétiques liée au déploiement de la technologie de communication « 5G » et effets sanitaires associés – rapport préliminaire https://www.anses.fr/fr/system/files/AP2019SA0006Ra.pdf). Il se conclut uniquement par des questions – dont « Compte tenu des spécificités des signaux de la 5G, peut-on anticiper l’exposition des populations et son impact sanitaire ? » – et n’apporte pas de réponse.

Incertitudes

Et lors la table ronde Impacts sanitaires et environnementaux de la 5G organisée en juillet par la commission sénatoriale de l’aménagement du territoire et du développement durable, Olivier Merkel, chef de l’unité évaluation des risques liés aux agents physiques de l’Ansés a d’ores et déjà prévenu que « dans ce contexte d’incertitudes, on ne pourra pas faire de réponse tranchée ». (On notera au passage qu’il a souligné que la source la plus préoccupante pour la santé reste le téléphone portable en contact avec le corps.)

« Des débats persistent toutefois, notamment pour ces effets de long terme, au sein de la communauté scientifique »

Pour rester – hélas – dans l’incertitude, citons également le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé qui classe les champs électromagnétiques de radiofréquences (globalement, pas spécifiquement ceux de la 5G) comme… « peut-être cancérogènes » (comme le café et les pickles) (Communiqué de presse 208.).

Au-delà des études précédentes

En septembre 2020, dans une mission d’études des données documentaires existantes, le Conseil général de l’environnement et du développement durable, l’Inspection générale des affaires sociales, l’Inspection générale des finances et le Conseil général de l’économie sont quant à eux plus affirmatifs quoique prudents (Déploiement de la 5G en France et dans le monde : aspects techniques et sanitaires) : « il n’existe pas, selon le consensus des agences sanitaires nationales et internationales, d’effets néfastes avérés […] Des débats persistent toutefois, notamment pour ces effets de long terme, au sein de la communauté scientifique […]"

L’ANFR conclut à une augmentation modérée de l’exposition aux ondes

« Les autorités sanitaires et de contrôle concluent également de manière concordante à une absence d’effets sanitaires spécifiques de la 5G en dessous des valeurs limites d’exposition. […] Quelques agences (Allemagne, Pays-Bas, Suisse…) considèrent néanmoins que la technologie 5G diffère suffisamment des technologies précédentes pour qu’il soit nécessaire, s’agissant des fréquences autour des 26 GHz, d’aller au-delà des études réalisées sur les générations précédentes.

En dessous des seuils limites réglementaires

Enfin, l’Agence nationale des fréquences a publié un rapport d’étape (Étude de l’exposition du public aux ondes radioélectriques – simulation de l’évolution de l’exposition du public créée par la téléphonie mobile en zone urbaine très dense (Paris XIV) – rapport d’étape.)) de simulations construites à partir d’une expérimentation 5G dans le XIVe arrondissement de Paris. L’ANFR conclut à une augmentation de l’exposition aux ondes, modérée, et surtout largement en dessous des seuils limites réglementaires actuels.

Avec une 4G optimisée pour absorber la croissance constatée des flux, l’exposition aux ondes augmente également

La modélisation de l’ANFR met également en évidence que sans la 5G, avec une 4G optimisée pour absorber la croissance constatée des flux, l’exposition aux ondes augmente également, et ce dans une proportion plus forte qu’avec la 5G.

La 5G

5G signifie 5e génération des standards de téléphonie mobile. Depuis sa naissance, la téléphonie mobile a connu quatre grandes évolutions : la 1G véhiculant la voix, la 2G diffusant du texte (les SMS), la 3G inaugurant le web mobile et la 4G permettant des débits importants. La 5G vise à accroître ceux-ci sans commune mesure.
La technologie 5G donnera accès à des débits dépassant de 2 ordres de grandeur la 4G, avec des temps de latence très courts et une haute fiabilité, tout en augmentant le nombre de connexions simultanées par surface couverte. Elle vise à supporter jusqu’à un million de mobiles au kilomètre carré (dix fois plus que la 4G). Une fois déployée, elle doit permettre des débits de télécommunications mobiles de plusieurs gigabits de données par seconde, soit jusqu’à 1 000 fois plus que les réseaux mobiles employés en 2105 et jusqu’à 100 fois plus rapides que la 4G initiale. Pour certains, c’est une « technologie clé », car ses débits potentiels répondent à la demande croissante de données suscitée par l’essor des smartphones et des objets communicants, connectés en réseau. Elle devrait favoriser le cloud computing, l’intégration, l’interopérabilité d’objets communicants et de réseaux électriques intelligents, dans un environnement domotisé, contribuant à l’essor du concept de « ville intelligente ». Elle pourrait aussi développer la synthèse d’images 3D ou holographique, l’exploration de données, la gestion du big data et du tout-internet « Internet of Everything », expression évoquant un monde où les ordinateurs et périphériques communiqueront tous entre eux. Les jeux interactifs et multijoueurs complexes, la traduction automatique et assistée instantanée ou encore le contrôle commande à distance dans de multiples domaines : télémédecine, véhicule autonome devraient aussi en profiter, automatisation industrielle. À l’inverse, des mouvements de contestation se développent de la part des associations d’électrosensibles et de scientifiques qui s’opposent à cette technologie au nom de la lutte contre le réchauffement climatique et de ses effets possibles sur la santé et la biodiversité et de l’absence de démocratie quant à son déploiement et ses objectifs.
Les réseaux antérieurs envoient le signal de manière indifférenciée sur une large zone, alors que les antennes actives (MIMO – Multiple-Input Multiple-Output) de la 5G, en particulier celles utilisant des fréquences supérieures à 1 GHz, restreignent le signal à la seule zone de présence du terminal en communication. Cette technologie, le beamforming, nécessite une évolution des méthodes de mesure, pas encore aboutie (Les antennes actives, nouveauté de la 5G).

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