Muscler son attention
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Article publié le 24 septembre 2014
Nous savons tous faire la différence entre les verbes regarder ou écouter, plutôt que voir ou entendre. Nous identifions également sans peine les nuances dans les expressions telles que « faire attention », « surveiller du coin de l’œil », « ne pas prêter attention », ou encore « attirer l’attention ».
De la même manière, nous reconnaissons comme légitime le besoin qu’éprouve le conducteur d’interrompre une conversation lors d’une manœuvre délicate, à la seule fin d’être attentif à ce qu’il fait. En un mot, chacun comprend immédiatement ce que signifie être attentif ou inattentif. Cependant, malgré cette acceptation commune, l’attention n’a jamais eu de définition totalement univoque.
Attention et concentration
Selon le psychologue américain William James (1842-1910), l’attention est la prise de possession par l’esprit, sous une forme claire et vive, d’un objet ou d’une suite de pensées, parmi plusieurs qui semblent possibles.
Cela implique de faire le tri entre plusieurs objets, afin de traiter plus efficacement les autres. L’attention est par conséquent cette capacité à porter en soi ce que l’on perçoit par nos canaux sensoriels et à poursuivre consciemment une suite de pensées.
Être attentif, c’est regarder, écouter, toucher, goûter, humer, pour faire exister l’information nouvelle dans son esprit.
Être attentif, c’est regarder, écouter, toucher, goûter, humer, pour faire exister l’information nouvelle dans son esprit. La concentration quant à elle est, au sens littéral du terme, une action qui consiste à tout ramener au centre. Autrement dit, elle désigne la capacité à mobiliser ses facultés mentales et physiques sur un sujet et une action.
En état de concentration profonde, le sujet entre quasiment dans un état hypnotique.
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Pour aller plus loin
Nos cinq sens sont quotidiennement stimulés par des quantités d’informations. Dans cet environnement, notre processus attentionnel fonctionne très simplement en se focalisant sur tout ou partie des informations qui lui parviennent, et en mettant « en veille » ce qui ne lui est pas utile.
L’attention est un réflexe essentiel à la vie et la survie de toutes les espèces animales. Avec l’attention, nos ressources cérébrales sont orientées vers ce qui peut, dans notre environnement, être important pour notre vie, comme le signal d’un danger ou le sentiment d’un besoin. Elle est sans cesse en éveil, un peu comme notre langue qui touche notre palais : la sensation est bien présente, mais nous n’y pensons jamais.
Notre capacité d’attention est limitée dans le temps : une personne qui lit s’évade entre 20 et 40 % du temps.
Toutefois, les choses ne sont pas si simples. En effet, notre capacité d’attention est limitée dans le temps. Des études montrent qu’en moyenne, une personne qui lit s’évade entre 20 et 40 % du temps.
Ce vagabondage naturel de l’esprit est par conséquent très gênant lorsque l’on souhaite résoudre un problème, s’approprier un rapport professionnel ou bien apprendre une leçon.
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Quelle attention ?
Nous avons tous dans notre entourage des gens inattentifs, que l’on définit souvent comme « tête en l’air » ou étourdis, et a contrario d’autres personnes très attentives. La différence essentielle entre ces deux comportements tient au fait que la personne attentive, au moment où elle fait le geste de poser ses clefs de voiture à tel endroit par exemple, l’accompagne d’une réflexion. Elle prend conscience de faire ce qu’elle fait, au moment ou elle le fait. Elle s’inscrit dans le présent de son action.
La personne inattentive va au contraire faire le geste de manière machinale ou automatique, sans y réfléchir. Le développement de recherches autour du processus attentionnel, en psychologie cognitive, est lié à des méthodes d’analyse nouvelles, qui s’inspirent largement de l’informatique.
Le psychologue Daniel Goleman distingue trois types d’attention.
Ainsi, le psychologue Daniel Goleman ((« Attention et concentration : les clefs de la réussite », Daniel Goleman, Robert Laffont, 2014.)) distingue trois types d’attention :
1° la focalisation extérieure, qui correspondrait à ce que l’on appelle communément l’attention, au sens large du terme. Il s’agit de cet état dans lequel nous nous trouvons lorsque nous nous concentrons sur un objet précis : la leçon que nous apprenons, le tableau que nous observons... Dans le cas du tableau par exemple, cette focalisation peut se fixer sur une partie de la peinture (l’arbre), ou bien sur l’ensemble (la forêt) ;
2° la focalisation intérieure, quant à elle, correspondrait à la conscience que l’on a de soi-même. C’est cette focalisation qui nous permet de prendre des décisions, en lien avec nos aspirations, nos souhaits ou nos désirs. C’est en définitive ce qui nous met en phase avec nos intuitions ;
3° la focalisation sur autrui, qui n’est autre que l’empathie. C’est cette dernière qui nous permet de gérer nos relations sociales, d’être attentif aux mimiques et attitudes signifiantes de nos interlocuteurs.
Sachez, s’il était besoin de le rappeler, qu’il n’est pas possible de travailler efficacement devant le téléviseur, de lire en pensant à sa liste de courses, etc. En effet, votre attention sera inévitablement attirée par ces distractions extérieures.
Ce qu’il faut faire
EXERCEZ-VOUS
Pour vous entraînez à une meilleure attention et concentration, vous pouvez essayer ces petits exercices assez amusants.
Écouter
Écoutez une émission de radio où les intervenants dissertent sur un sujet sérieux. Réduisez le volume, de manière à ce que le son soit très faible, mais toujours audible. Installez-vous ensuite à une distance raisonnable de votre émetteur et éloignez-vous en petit à petit, tout en poursuivant votre écoute. L’idée est de rester attentif tout au long de votre éloignement, le plus longtemps possible.
Focaliser
Lors d’une discussion entre plusieurs partenaires, essayez de vous focaliser sur une seule conversation, alors même que votre attention est attirée « naturellement » vers les bribes des autres conversations qui vous entourent. Restez attentif à votre interlocuteur, de façon à ce que le brouhaha des autres discussions ne vous détourne pas de votre échange.
Stimuler
Une autre façon de travailler son attention est de se stimuler mentalement par des questionnements, par exemple lors d’une conférence ou même devant un reportage télévisé. Autrement dit, d’être actif dans son attention en se posant des questions du type : pourquoi affirme-t-il ceci ? Comment en déduit-il cela ? etc. De cette façon, vous relancez la mécanique de stimulation de votre processus attentionnel et vous restez en « alerte ».
Percevoir
Portez votre attention sur un tableau par exemple, afin d’en percevoir tous les détails, même les plus infimes, et exercez-vous sur des temps de plus en plus long. Une minute au départ, puis davantage par la suite, de façon à appréhender jusqu’aux coups de pinceaux du peintre. En réalisant cet exercice, vous vous apercevrez que vous n’aviez jamais vraiment prêté attention au tableau qui, peut-être, meuble votre intérieur depuis des années.