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Le féminisme est une cause noble, juste et actuelle. Et qui ne cesse de soulever des questions en termes de quotas, de parité, de droit... et d'écriture inclusive. Les femmes représentent 51,6 % des Français et 50,8 % des 20-64 ans. Il n’y a toujours pas d’égalité réelle dans l’ensemble du monde salarial. Dans la fonction publique, elles ne représentent que 41,9 % des agents de catégorie A+ alors qu’elles sont 65,1 % des effectifs de catégorie A ((Rapport annuel 2020 sur l’état annuel de la fonction publique.)).
Le combat pour la parité n'est pas fini
Il n’y a aucune raison à cela, d’autant que les performances scolaires des filles (84 % ont le Bac contre 74 % des garçons) sont meilleures. Les territoriaux peuvent être fiers puisqu’elles sont 51,2 % des A+ dans la fonction publique territoriale. Ainsi, dans le secteur local, nous sommes à la parité sur ce point, même si l’égalité des rémunérations ou l’occupation des emplois fonctionnels (seulement 32 % en 2018) ne sont pas atteintes, ce qui prouve que le combat n’est pas fini.
Ces débats sont ceux de notre humanité tout entière et pas de notre genre
Avoir une pensée modérée, posée et complexe sur ces questions est difficile tant ces questions déchaînent les passions et tant on est vite assigné à son identité, XY ou XX, suivant les raisonnements que l’on formule. Pourtant ces débats sont ceux de notre humanité tout entière et pas de notre genre.
Ne pas se tromper d'objectif
Les modes occidentales viennent souvent du monde anglo-saxon. La lecture intégrale des textes originaux renseigne utilement sur les intentions de certains théoriciens militants ((« La philosophe devenue folle » de Jean-François Braunstein.)). Est-il plus efficace de se battre sur les mots et les concepts que sur des faits réels ? C’est pourquoi il peut être éclairant de mettre en relation trois questions, pas forcément liées a priori : le terme féminicide, l’écriture inclusive et les quotas.
Le terme féminicide n’existe pas en droit
146 femmes sont tuées par leur partenaire par an (27 hommes). On estime que 213 000 femmes sont victimes de violence par an (une femme sur 163). C’est une réalité sociale grave. Le terme féminicide n’existe pas en droit. Il a été créé dans les années 80 par des Britanniques (Mesdames Radford et Russel). Il serait une sous-catégorie de l’homicide, au même titre que le parricide ou l’infanticide. Le rapport de Mme Crozon de 2016 préconise sagement de ne pas introduire le terme en droit français car cela porterait atteinte à l’universalisme du droit et « concernerait l’identité féminine de la victime » (il faudrait créer l’homocide pour le meurtre d’une personne en raison de son orientation sexuelle, le racicide pour le meurtre d’une personne en raison de son origine ethnique etc.).
On ne parle pas l’écriture inclusive. Ce n’est donc pas une langue
La question délicate de l’écriture inclusive – illustrant encore qu’on se bat parfois plus pour des mots que pour des faits – est posée puisqu’elle est aujourd’hui pratiquée par beaucoup de collectivités. Le Conseil d’État (arrêt du 28 février 2019) a rejeté un recours en excès de pouvoir contre la circulaire du Premier ministre du 21 novembre 2017 interdisant son usage dans l’administration. Alors que la féminisation des noms de métier et de fonction n’est pas achevée et ne pose pas de difficulté, cette proposition militante soulève des questions d’usage, de coût et de compréhension, car on ne parle pas l’écriture inclusive. Ce n’est donc pas une langue.
Des institutions laboratoires
La loi du 12 mars 2012 a posé un principe paritaire sur les nominations dans la haute fonction publique des « personnes de chaque sexe (40 % depuis 2018) avec une amende à la clé. Bourg-en-Bresse en 2019 et Paris en 2020 ont été pénalisées pour avoir nommé trop de femmes. Faut-il s’en offusquer, comme certains l’ont fait alors que, comme nous l’avons vu, la parité sur les A+ existe ? Ou faut-il, par mesure sociétale de compensation générale, excuser cette forme inédite de déséquilibre ? Cela peut se discuter.
Les progrès faits dans les collectivités prouvent, s’il en était besoin, que c’est plus une question de volonté et d’actions pertinentes que de vocabulaire. Au-delà des mots, nos institutions locales, sur ce sujet comme sur bien d’autres, sont les laboratoires exemplaires d’évolutions souhaitables.