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© C.MacBride 2012 - gettyimages
Va-t-on désenvoûter le monde rural, coupé des services publics ?
Oui et non. Le grand mage Macron a exprimé sa vision de notre pays couvert de « Maisons France service »… sortes de mise à jour des Maisons de service au public, mais avec des services de l’État à l’intérieur. Ce principe est bel et bon. Plus précisément, il s’agirait d’une intégration (dite « à la canadienne ») des services de l’État, de la CAF, de la Sécurité sociale… ce qui est consensuel et de bon sens.
Mais deux questions sont en suspens :
- y aura-t-il, à cette occasion, reprise en main de l’État ? C’est un point peu clair à ce jour et qui sera très, très débattu ;
- que soit évoqué un possible cadre cantonal pour ces maisons, à l’heure où les cantons ne représentent plus grand-chose, et où la compétence se trouve largement intercommunalisée (et souvent, aura à recouper les zonages d’actions communautaires et/ou de mutualisation) n’a pu qu’interloquer…
À suivre…
La traque aux doublons par Jacqueline Gourault
« Il est impératif que l’État et les collectivités travaillent ensemble car nous vivons dans une République décentralisée. J’ai entendu « Territoires unis » [qui regroupe l’Association des maires de France, l’ADF et Régions de France] réclamer une nouvelle étape de décentralisation mais à part les régions qui voudraient avoir l’emploi dans leurs compétences, il n’y a pas de revendication précise. Ce qui est vrai, c’est qu’il reste encore quelques doublons entre l’État et les collectivités locales, notamment dans le domaine du sport, qu’il faudrait supprimer. Par ailleurs, des politiques sont mises en chantier par les départements, qui relèvent en fait de décisions de l’État.
On peut donc procéder à un bilan de la décentralisation. C’est une proposition que le président de la République va faire pour voir si des choses seraient mieux faites si elles revenaient dans le giron de l’État et inversement évaluer si d’autres seraient plus efficaces si elles étaient transférées à telle ou telle collectivité. Mais il ne faut pas oublier la déconcentration. Nos concitoyens sont très attachés à l’État. Quand ils réclament « des services publics au plus près », ils englobent les préfectures et les sous-préfectures. Ils ont en tête que c’est l’État qui assure l’équité, que son rôle de régulateur est très important.
C’est pourquoi je ne plaide pas pour le big bang mais pour le sur-mesure. Il faut répondre aux besoins des territoires de façon intelligente, en assouplissant et en faisant si besoin de la différenciation mais sans jamais renoncer à garantir, à travers l’État, l’unité des Français. »
Jacqueline Gourault, devant le Club de l’économie, le 21 mars 2019.
Mon conjoint va-t-il vaincre ses addictions ?
Non. Votre conjoint, l’État, ne réussira pas à vaincre toutes ses addictions. Ne rêvons pas. Cet État, que vous avez aimé (si, si souvenez-vous en !) restera cet être un peu autoritaire mais velléitaire (à propos, la taxe d’habitation sera bien intégralement supprimée), panier percé mais strict pour vos dépenses, que vous avez toujours connu.
Cet État, que vous avez aimé, restera cet être un peu autoritaire mais velléitaire
Mais il devrait réussir à lutter contre certaines de ses addictions :
- il acceptera, dans votre couple, plus d’expériences, plus d’autonomie, que de par le passé. Les projets de loi déjà déposés à ce sujet devraient être fort assouplis ;
- il devrait ranger mieux ses affaires. Il parle même de supprimer des doublons (voir encadré) ;
- il promet d’être moins rigide au quotidien et de donner plus de souplesse à ses préfets pour ce faire (qui pourront même avec vous faire quelques dérogations ensemble… vous le voyez, pour repimenter la vie de couple, l’État est prêt à bien de nouvelles fantaisies…). u
PETIT FLORILÈGE DES PROPOSITIONS DES ASSOCIATIONS D’ÉLUS
AMF
Améliorer la qualité des relations entre les communes et leur intercommunalité en rendant obligatoire la création d’une assemblée des maires et en lui confiant de véritables pouvoirs.
ANEM
La commune, cellule de base de la République, et le département, garant de la cohérence territoriale ainsi que de la cohésion sociale, demeurent des échelons essentiels pour préserver la proximité entre élus et population.
AMRF (tiré de leur cahier de doléances)
La précieuse proximité des communes avec ses administrés est plébiscitée, en filigrane de plusieurs demandes, dans la mesure où sont évoqués « le besoin de recréer du lien social » (« Doter les maires de moyens pour développer les associations permettant de créer du tissu social »), ou encore la nécessaire mise en place de « services de proximité ». L’appel à remettre la commune au centre de la démocratie locale.