Un certain regard

La Rédaction

Sujets relatifs :

Qu'est ce qui réunit finalement les trois évènements culturels dont j'ai été complice durant ces deux dernières semaines ?

D'abord la Compagnie Pascoli, venue faire une création chorégraphique in situ après une résidence sur le domaine départemental de Clermont, en investissant la cour d'un petit château Renaissance au charme fou : une poétique de l'espace et du vivre en dialogue avec un violoncelliste, une manière d'habiter autrement la cour avant que la scène de la saison Itinéraire bis ne soit montée ;  et pour le public, juché sur l'une des galeries, une autre manière de voir le château qui éclate tout d'un coup d'un flot de lumière grâce à une multitude de parapluies colorés venus occuper l'espace.

Ensuite, au même endroit, sur les pas de Jean-Jacques Rousseau dont on célèbre le tricentenaire de la naissance, des rencontres littéraires avec la FACIM pour réfléchir à ce lien privilégié entre marche et écriture autour de quatre écrivains. Une balade entrecoupée de pauses-lecture, un repas convivial et une table ronde pour parler de Rousseau, de ce  travail de creusement et de création qu'est l'écriture (l'écrivain, cet arpenteur à la recherche de traces, de halos), ou encore de la question du rythme dans toutes ses variations y compris ses ruptures ( la marche, une succession de chutes rattrapées ») ; de cette dissolution du paysage enfin, ne serait-ce qu'en raison du développement et de l'accélération des moyens de transport, qui transforme aussi la littérature.

A l'autre bout du département, près d'Yvoire (au bord du lac Léman), dans un autre lieu magique rendu à la population, le Domaine de la Chataignière, nous inaugurions une très belle exposition : « Monte le son ! les Alpes en musique » consacrée aux pratiques musicales traditionnelles dans l'arc alpin ; une exposition réalisée par l'ethno-musicologue Guillaume Veillet que j'ai recruté pour inventorier et documenter la collection de Jean-Marc Jacquier. Pour l'accompagner et montrer la vitalité des groupes qui recréent aujourd'hui à partir de ces musiques, nous avions invité le Duo Bottassosdf venu des vallées occitanes d'Italie, ainsi que Rural Café et des élèves d'une section « Musiques traditionnelles »  d'une école de musique du département.

Ce qui donne sens à ces trois moments, c'est la possibilité d'un regard décalé sur notre monde, sur la nature qui nous entoure et les hommes qui la chantent et la transforment (pour le meilleur et pour le pire). Sans cette pluralité de points de vue, qui nous donne des éclairages singuliers, des couleurs inhabituelles et des tonalités  particulières, on ne verrait presque rien, on serait quasiment sourd aux mille nuances des paysages, des mots, du mouvement ou de la musique ! "L'art c'est n'importe quoi, mais d'une certaine manière" disait le peintre Pierre Hosiasson.

François Deschamps

Recevez votre newsletter hebdo gratuitement

Nous vous recommandons

Éditorial : Les négateurs et ce qu’il faut en dire

Éditorial : Les négateurs et ce qu’il faut en dire

Nier la science, ce n'est pas que nier l'origine anthropique du bouleversement climatique. C'est aussi faire croire qu'il voudrait mieux pour tout le monde que la marche vers la décarbonations peut se faire à petits pas, sans changer ce...

Les territoriaux rentrent dans les Chambres et sortent dans la Cour

Les territoriaux rentrent dans les Chambres et sortent dans la Cour

Casinos : le Sénat est joueur

Casinos : le Sénat est joueur

Nos rues, nos hommes

Nos rues, nos hommes

Plus d'articles