On peut analyser le premier tour à grands renforts de chiffres et de reports de voix. Mais une des principales leçons du 22 avril 2012 reste que la blessure démocratique de notre pays est belle et bien profonde.
C'est un drôle de premier tour auquel nous avons assisté dimanche dernier. Parce que celui qui est devant, François Hollande, a finalement peu de raisons de fanfaronner. Certes, il réalise un beau score. Certes, les reports de voix lui semblent complètement favorables. Certes, les sondages ne cessent de lui donner une confortable avance, marges d'erreurs incluses et sans mouvement de progression de la part de Nicolas Sarkozy pour le moment.
Mais voilà, la victoire possède déjà un goût de difficulté pour François Hollande. Et la perspective de la réelection possède le même goût chez Nicolas Sarkozy. Parce que le vote Front National est haut, parce que la réalité des législatives qui suivront la présidentielle risque d'accoucher d'une majorité assez paradoxale, parce que la contestation est déjà en marche avant même que le futur Président ne soit encore investi.
Pour les deux finalistes du second tour, il existe encore des obstacles liés aux quelques jours de campagne restants. Mais d'autres obstacles sont déjà positionnés pour le futur vainqueur du 6 mai, quel qu'il soit.
A chaque lendemain de scrutin, les analystes des partis finalistes fonctionnent en report de voix. Comment s'attirer les votes d'untel ou d'untel autre ? Du coup, personne ne s'interroge trop sur le moment sur la crise de la représentation démocratique. Sur les niveaux d'abstention. Sur les votes protestataires. Sur les votes Front National, que certains font exploser comme des pétards en se disant que "de toutes façons, le FN n'a pas de chance de gagner, alors j'ai voulu leur faire peur".
Que faudra t'il donc pour faire peur ? Le 21 avril a laissé des traces. Les politiques en ont toujours peur parce qu'ils connaissent le risque qu'ils ont de ne pas être présents au second tour. Cette simple analyse semble insuffisante. Et les reports de voix semblent bien peu de choses lorsque l'on s'aperçoit du divorce consommé entre la vie politique et les citoyens. Quel que soit le prochain Président, c'est sans doute le plus difficile mais le plus important des chantiers qui s'ouvre devant lui.