Vélo en ville : des solutions de stationnement individualisées

Marjolaine Koch

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Devant l’essor de l’usage du vélo dans les villes, ces dernières s’adaptent et trouvent de nouvelles solutions pour encourager les déplacements avec ce moyen de déplacement sobre. Parmi elles, les vélo-box, des sortes de parking couvert individuel ou partagé.

Se déplacer à vélo, pourquoi pas ? De plus en plus de personnes optent pour ce moyen de locomotion pratique, économique et écologique. Mais il existe des freins à son utilisation : le manque d’infrastructures cyclables efficientes, la distance à parcourir, le dénivelé, mais aussi le stockage du vélo. Ce dernier point est particulièrement vrai dans les grandes villes. Aussi, pour accompagner l’essor de ce moyen de locomotion, de plus en plus de municipalités développent des offres de stockage destinées aux vélos. Une manière d’éviter le vol et de ne pas laisser la monture s’abîmer sous l’effet des intempéries.

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Un stationnement de son vélo loué à l’heure ou à l’année

Alors que l’on pourrait s’attendre à trouver des solutions de stockage dans les villes où le vélo est roi, comme Copenhague ou Amsterdam, il n’en est rien : dans la capitale néerlandaise, où l’on compte 600 000 vélos pour 740 000 habitants, il est simplement inimaginable de proposer une offre à la hauteur du nombre d’intéressés.

Ce sont des villes où le vélo est en plein essor, comme Londres, Bruxelles ou Barcelone, qui se tournent vers les box pour encourager la pratique du vélo. Les municipalités ont le choix entre deux schémas : soit proposer la location d’un casier fixe moyennant une faible somme par mois, soit développer une offre d’accès temporaire à un box, pour quelques heures, assimilable à une place de parking couverte et sécurisée. Elles peuvent également opter soit pour des casiers partagés (5 vélos maximum), soit pour des casiers personnels.

La ville de Londres, récemment convertie au vélo, a disséminé des « bike hangars » : pour 3,50 £ par mois ou 42 £ par an, les cyclistes peuvent louer un box individuel à proximité de chez eux ou de leur travail. Bruxelles, pour sa part, a opté pour un modèle de box collectif : onze communes de la capitale belge accueillent des miniparkings à vélo, qui tiennent sur une place de parking de voiture. Cette alternative s’appelle le « co-boxing » et consiste à confier un emplacement sécurisé – le plus souvent avec un code, pour éviter la gestion de clés — à un cycliste, en partage avec quatre autres utilisateurs.

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Un droit de garer son vélo

Barcelone a aussi son modèle : la Bicibox. Mais cette fois-ci, il ne s’agit pas d’une place réservée pour une longue durée. Une fois inscrit dans le système, le cycliste dispose du droit de garer gratuitement son vélo dans l’un des casiers du réseau, sur n’importe quel emplacement et pour une durée maximum de 48 heures (72 heures en week-end). Au-delà de cette durée, le coût est de 10 centimes d’euros de l’heure jusqu’à 60 heures, puis de 20 centimes au-delà. En 2017, 77 000 utilisateurs s’étaient enregistrés pour 1 700 places en service dans les 19 municipalités participant à l’opération, dans et autour de la capitale catalane.

Barcelone, outre ses « bicibox », a complété son offre avec des parkings souterrains, les « bicebergs ». En surface, des petites boîtes colorées et un seul casier en apparence. L’utilisateur a besoin de 30 secondes pour déposer son vélo et ses effets personnels dans le casier. Une fois fermé, il est déplacé et stocké dans un container souterrain qui, selon sa capacité, prend la place de quatre places de parkings pour deux étages pour les plus gros modèles (92 vélos).

En 2017, 77 000 utilisateurs s’étaient enregistrés pour 1 700 places en service dans les 19 municipalités autour de la capitale catalane

Une version non souterraine existe également : le b-igloo, modèle circulaire contenant jusqu’à 24 vélos dans une rotonde. Une dizaine de secondes seulement sont nécessaires pour déposer un vélo à l’aide de son portable. Ces modèles, finançables par de la publicité et sur lesquels il est possible d’installer des panneaux solaires pour l’alimentation électrique, ont essaimé à Séville et Madrid, mais aussi à Lima au Pérou, Rabat au Maroc, Santiago du Chili et dernièrement, à Singapour.

Du côté de l’Amérique du Nord, l’espace disponible donne l’avantage au casier individuel : on en trouve aussi bien à Toronto et Vancouver du côté canadien, qu’à Portland, Denver, Los Angeles ou Indianapolis aux États-Unis. En règle générale, les box se louent au mois pour des montants d’une dizaine de dollars, et ils se situent dans les stations de métro ou bien sur les campus universitaires.

Les acteurs économiques européens du box de vélo
Altinnova : la PME, installée au nord de Saint-Etienne dans la Loire, officie depuis 2003. Outre des box individuels ou collectifs et des consignes, Altinnova s’est démarquée en créant des stations de services pour cyclistes en libre-service, permettant le lavage, le gonflage, la réparation de vélos… sans oublier le remplissage des gourdes !
• Cyclehoop : concurrent direct du Français Altinnova, Cyclehoop a été créé en 2008 près de Londres. L’entreprise propose des box similaires, mais aussi des solutions de parking à vélo temporaires pour les festivals, et a développé des points d’attache pour les vélos qui viennent se fixer sur le mobilier urbain existant.
• Falco : également britannique, cette société, basée près de Leeks, propose également des box collectifs de petite capacité. Son offre principale est toutefois plus tournée vers les abris de grande capacité et non sécurisés.
• VelopA : basée en Suisse, cette PME propose également des box de petite capacité qui à l’origine, étaient destinés à des particuliers.
• B-igloo : la société, espagnole, a déployé des offres de parking souterrain et en surface. Ses parkings essaiment dans le monde entier : après Séville, Barcelone, Madrid en Espagne, l’entreprise a conclu des partenariats en Scandinavie et en Asie pour déployer ses systèmes dans d’autres pays. Singapour est la dernière ville à s’être équipée, avec des casiers souterrains capables d’accueillir plus de 500 vélos.

Les villes françaises se mettent aussi aux box à vélos

En France, Valence, Rouen et Grenoble ont lancé des programmes de parking à vélo, et Paris devrait bientôt les rejoindre dans la course. Si Valence a opté pour des box individuels fabriqués par Altinnova, Grenoble a choisi les hangars partagés de ce même constructeur (voir encadré). Depuis un an et demi, accompagnée par la PME Velogik, la métropole a installé quelques box tests. Placé sur un emplacement de parking, le box est partagé par cinq cyclistes, chacun possédant une clé d’accès. « Le principal obstacle, c’est d’intégrer le box dans le milieu urbain, y compris dans les secteurs sauvegardés » commente Sébastien Marrec, assistant communication de Velogik. « La métropole de Grenoble se concerte beaucoup avec les architectes des Bâtiments de France pour intégrer ces demi-boîtes métalliques. »

Valence, Rouen et Grenoble ont lancé des programmes de parking à vélo, et Paris devrait bientôt les rejoindre dans la course

Pour y accéder, les Grenoblois doivent remplir un formulaire de demande en ligne. Lorsque les services reçoivent plusieurs demandes dans un rayon de 200 à 300 mètres, ils procèdent à l’installation. À ce jour, alors que le service devrait officiellement démarrer en septembre, au moins une cinquantaine de demandes ont déjà été enregistrées. Ce service est déployé par les 49 communes de la métropole, à l’origine de cette initiative. Il en coûte 49 euros par an pour disposer d’une place fixe dans un box.

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