Seule une minorité des personnes sont à l’aise à vélo. Ville moyenne ou métropole, tous les milieux urbains sont concernés : voici les points essentiels pour réussir à implanter le vélo en ville.
Dans son guide des aménagements cyclables, l’association Paris en Selle présente une étude révélatrice, menée dans la ville de Portland ((Étude menée en 2013 par le cabinet Dill et Mc Neil.)) : seule une minorité des personnes sont à l’aise à vélo. Il existerait quatre types de publics : 6 % d’intrépides, 9 % d’enthousiastes, 60 % d’intéressés mais inquiets et 25 % de réfractaires. Autrement dit, la population compte un potentiel de 75 % d’habitants susceptibles de se déplacer à vélo, à la condition de se sentir en sécurité.
Sécurité et efficacité
Cette donnée montre la nécessité de penser des aménagements continus et séparés du flot des voitures. Assurer sécurité et efficacité pour encourager le vélo, car il suffit que 5 % du trajet soit calamiteux pour que l’ensemble du trajet soit mal vécu.
Trop de détours conduiront une partie du flux des vélos à rejoindre la voie principale et les voitures
Le ressenti du cycliste est la clé de voûte. Pour l’améliorer, voici une liste des éléments qui contribuent à une politique vélo efficace.
• De la fluidité
Les pistes cyclables avant tout. L’objectif doit être de limiter les rencontres avec les véhicules motorisés, pour optimiser la sécurité objective du cycliste (le risque d’accident), mais aussi subjective (le ressenti). Les bandes cyclables conviennent rarement : sur les grands axes où la circulation est importante, il est primordial d’accorder une voie séparée aux vélos. Mais pour que celle-ci soit réellement utilisée par les cyclistes, elle doit être efficace : trop de détours, par exemple pour contourner des obstacles comme des places de stationnement, conduiront une partie du flux à rejoindre la voie principale et les voitures.
Le fait de rendre le vélo visible rend plus acceptable l’aménagement de pistes cyclables
• De l’apaisement
Certaines villes font le choix de revoir leur plan de circulation, pour inciter les véhicules à rester sur les axes principaux. L’idée est de provoquer des retours en arrière sur les rues adjacentes : cette technique apaise la circulation au sein des quartiers et permet un aménagement plus léger à destination des vélos. Barcelone, qui a créé le concept de « superbloc », a pu condamner des rues à la circulation et y aménager des parcs ou des aires de jeux. Repenser la circulation peut amener à régler plusieurs problèmes, comme celui du verdissement de la ville, pour créer des séparations « naturelles » entre les différents modes de déplacement.
• Du stationnement
Les cyclistes doivent pouvoir trouver un point d’attache facilement, notamment pour éloigner les risques de vol. Paris a choisi de positionner des arceaux aux intersections, pour que la vue ne soit plus bouchée par un véhicule en stationnement. À Grenoble, les arceaux ne sont plus sur les trottoirs, pour éviter les conflits d’usage avec les piétons.
La conduite du changement nécessite de travailler avec la sécurité publique pour qu’elle agisse durant les premières semaines
• Des services
De plus en plus de villes moyennes offrent un service de location longue durée. Cette solution crée généralement un « choc de demandes », elle permet aussi aux usagers de se défaire des questions d’entretien, puisque celui-ci est pris en charge par le loueur. Pour les collectivités, c’est aussi un bon moyen de faire « apparaître » le vélo en ville, en donnant une couleur identifiable à ces vélos de location. Le fait de rendre le vélo visible rend plus acceptable l’aménagement de pistes cyclables, elles seront ainsi mieux tolérées par les usagers de la route. Outre la location, certaines collectivités financent des ateliers de réparation vélo.
• De la communication
L’arrivée d’aménagements cyclables doit s’accompagner d’une acculturation des usagers à cette nouveauté. Éviter l’empiétement des camions de livraison, les stationnements furtifs « pour cinq minutes »… La conduite du changement nécessite de travailler avec la sécurité publique pour qu’elle agisse durant les premières semaines. Ensuite, des opérations de communication, de promotion du vélo contribueront à ancrer ce mode de déplacement dans les esprits, comme étant aussi légitime qu’un véhicule motorisé.
En appliquant ces règles, le vélo pourrait même devenir un outil d’aménagement de la ville, comme l’a été le tram il y a trente ans.