La scolarisation des enfants de moins de trois ans, arme contre l'échec scolaire des plus défavorisés, va redevenir une priorité, comme l'avait promis François Hollande.
Candidat, M. Hollande s'était engagé à tripler le nombre des moins de trois ans en maternelle. Trois mille postes seront créés sur le quinquennat dans ce but.
Les suppressions de postes dans l'Education sous le précédent gouvernement ont entraîné un effondrement de la scolarisation des enfants de deux ans, dont la part est passée de 34,5% d'une classe d'âge en 2000 à 13,6% à la rentrée 2010, avec de fortes disparités géographiques. Il y avait 94.571 enfants de deux ans scolarisés en 2011-2012.
Le projet de loi pour la refondation de l'école rappelle que la scolarisation précoce est "un levier essentiel pour la réussite scolaire des enfants de milieux défavorisés" et qu'elle sera "privilégiée dans les secteurs de l'éducation prioritaire, dans les secteurs ruraux isolés et dans les départements et régions d'outre-mer".
Outre des recrutements, "une meilleure formation des enseignants et un partenariat avec les collectivités compétentes permettra d'améliorer l'accueil matériel, éducatif et pédagogique de ces très jeunes enfants".
La circulaire "donne une orientation et un nouvel élan", s'est félicité Sébastien Sihr, du SNUipp-FSU, premier syndicat des enseignants du primaire.
La chute de la scolarisation des tout-petits et "la quasi-disparition de la formation continue ont fait que les savoirs professionnels se sont peu à peu perdus", a-t-il déploré. Il a insisté sur la nécessité de "former les enseignants aux besoins physiologiques des enfants, à leurs spécificités motrices, à la relation aux parents et au travail en équipe avec l'atsem" (l'agent territorial qui seconde l'enseignant dans les maternelles).
"Manques"
M. Sihr a déploré "certains manques" dans la circulaire: "On avait demandé qu'il y ait des atsem à plein temps et que l'on définisse des effectifs réduits d'au maximum 15 enfants par classe." Le syndicat a demandé aussi "des rentrées échelonnées" au-delà de septembre.
Un point de vue que ne partage pas une enseignante près d'Annecy: "C'est très complexe pour l'enfant qui doit s'adapter alors qu'un patrimoine et une culture commune se sont déjà créés dans la classe. Et la maîtresse ne peut pas faire 30 rentrées scolaires!" a expliqué à l'AFP ce professeur des écoles de 36 ans, qui a requis l'anonymat. En maternelle, "il y a 32 élèves par classe, avec des doubles niveaux", a-t-elle souligné.
L'objectif premier de la maternelle est "le développement du langage oral, surtout pour les familles qui parlent une autre langue que le français", a relevé l'enseignante.
"La scolarisation des moins de trois ans apporte une amélioration des parcours scolaires à l'école élémentaire, avec une réduction du taux de redoublement et de meilleures performances", a expliqué à l'AFP Agnès Florin, professeur de psychologie de l'enfant et de l'éducation à l'Université de Nantes.
Le gouvernement veut notamment développer cette scolarisation précoce à Marseille. "Cela ne suffira pas à régler les problèmes d'insécurité, mais c'est un élément important pour aider les enfants", a jugé Mme Florin.
Cependant, "tous les enfants ne sont pas prêts à être scolarisés avant trois ans", a-t-elle noté.
Et, parfois, ce sont les familles qu'il faut convaincre du bienfait de cette scolarisation, a relevé Jean-Paul Delahaye, directeur général de l'enseignement scolaire (Dgesco).
Le ministère doit aussi publier mardi la circulaire du dispositif "plus de maîtres que de classes" pour mettre en place des pédagogies innovantes pour les enfants en difficulté.
tes-ang/ng/er