FOUCHIER
© D.LAROSIERE
En l’absence d’une organisation territoriale cohérente, la dynamique économique ne permet pas d’effacer les inégalités.Le rapport de l’OCDE compare les mobilités en cours sur l’aire d’Aix-Marseille à celles de Denver ou Los Angeles. Les habitants de la métropole Aix-Marseille cumulent 10 jours par an de congestion liée aux embouteillages. Nous serons à 17 jours en 2025 si nous n’agissons pas dès aujourd’hui. Notre objectif majeur est d’identifier les corridors de mobilité les plus structurants pour les connecter entre eux. Sur ce dossier plus qu’un autre, l’absence de gouvernance a pénalisé la mise en place de l’intermodalité des réseaux de transports. Et les citoyens en paient les conséquences tous les jours dans leur vie quotidienne et dans leur accès à l’emploi.Cette métropole en cours de construction suscite un vrai rejet de la grande majorité des maires des Bouches-du-rhône (109 sur 119 !). Comment espérer l’émergence d’une métropole au 1er janvier 2016 sans le soutien des élus ? Je ne suis pas là pour juger de la réception par les élus du projet de loi en cours de finalisation mais pour leur démontrer que les enjeux métropolitains sont incontournables. Et quand nous évoquons ensemble ces enjeux, un large consensus se dégage. Ensuite, ce qui freine les élus, ce sont les conditions de gouvernance de cette métropole. Et là, seuls les élus sont à même de construire le modèle le plus approprié. Nous, nous avons à chercher les convergences sur un contenu ambitieux pour le projet stratégique de la métropole et à faire des propositions les plus partagées possibles.
Je suis là pour démontrer aux élus que les enjeux métropolitains sont incontournables.Vous avez eu, dans un passé récent, à gérer le schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme d’ile-de-France. Les situations en ile-de-France et à Marseille sont-elles comparables ? Non, parce qu’à Marseille, nous sommes sur un projet stratégique, avec des acteurs qui auront à construire un cadre. En Ile-de-France, sur le Grand Paris, nous n’étions pas face à une feuille blanche, des études nombreuses et approfondies avaient déjà été réalisées, qui facilitaient la prise de décision des acteurs en présence, dans le cadre bien balisé de la planification.Ne redoutez-vous pas que les métropoles, au sens large, à paris comme ailleurs, ne ressemblent à des usines à gaz ? La métropole sera ce que les élus en feront. Je ne veux pas m’en sortir par une boutade. La loi pose un cadre d’organisation. Ensuite, les élus peuvent l’alourdir ou l’alléger. Je peux comprendre que ce changement de dimension institutionnelle suscite des discussions. Mais le train métropolitain est parti, ce n’est d’ailleurs plus une question d’appréciation droite-gauche : certains territoires ont compris que les projets qu’ils portent auraient plus de chance de se réaliser s’ils s’inscrivaient dans une dynamique métropolitaine. Je pense que, très vite maintenant, on parlera plus du contenu des métropoles que de leur mode de gouvernance.
Vincent Fouchier, docteur en urbanisme, est directeur du projet métropolitain au sein de la mission interministérielle pour le projet métropolitain Aix-Marseille-Provence. Il est, parallèlement, président du groupe urbain de l’OCDE.