porte_voix_
© olly - fotolia
Le « fonctionnaires bashing » cache souvent un manque de confiance quant à l’avenir de notre nation. Dénonciation, chasse au gaspi, fausses solutions… dans l’opinion tout est bon.
Pour partie, les débats de la période électorale se focalisent sur le devenir des fonctionnaires. La question est abordée en termes d’effectifs à supprimer pour certains, à conserver pour d’autres.
Lire aussi : Halte au fonctionnaires bashing !
Dénoncer, il en restera quelque chose
Les contempteurs de la fonction publique abordent le sujet sous l’angle de la dénonciation. Dénonciation des avantages anormaux dont bénéficieraient les agents publics en matière de sécurité de l’emploi. Dénonciation d’un absentéisme extravagant, dénonciation du mode de calcul des retraites, de la qualité du travail et constat d’une productivité supposée coûteuse. Le tout est comparé aux salariés du privé, dont la peine est opposée au confort des agents publics. Bref, rien ne va. Aucun élément positif ne ressort. La chasse aux gaspi est ouverte !
La mise en concurrence des statuts publics et privés ne cache-t-elle pas une absence d’idées quant aux projets concernant le rôle de la fonction publique ?
Est-ce un projet vivant, sur lequel construire l’avenir d’une nation ? La mise en concurrence des statuts publics et privés ne cache-t-elle pas une absence d’idées quant aux projets concernant la place symbolique, les fonctions sociétales et les rôles opérationnels de la fonction publique dans une économie républicaine ?
Les avantages indus ? Parlons des retraites des fonctionnaires calculées pour majorité hors primes. Parlons des salaires bloqués à partir de 50 ans pour beaucoup.
Parlons des heures supplémentaires non payées et jamais récupérées, que ce soit dans la police, l’action sociale ou les services administratifs.
Penser la fierté et la motivation
L’investissement professionnel ? Qui peut penser que la fierté du travail bien fait ne concerne pas tous les salariés, publics et privés ? Qui ignore que la motivation à travailler se trouve dans la capacité à pouvoir réaliser un travail de qualité ? Et si cette qualité est au service des autres n’est-ce pas un facteur de motivation supplémentaire qu’il convient de respecter et non de détruire ? L’absentéisme ? Des chiffres produits par les DRH des collectivités contestent les données officieuses. Qui peut croire sérieusement que les fonctionnaires n’auraient comme horizon existentiel que l’arrêt maladie ?
Lire aussi : Absentéisme des fonctionnaires : et si on s'occupait des vrais problèmes
Sans doute imaginant cela, certains inscrivent dans leur programme électoral la mise en place d’un jour de carence en cas de maladie. Mesure fondamentale, certainement, qui sauvera la France et justifie bien une campagne électorale… En ce contexte, proposition indigne ; non sur le fond mais sur la forme, pour l’image dégradée des fonctionnaires qu’elle distille et qui blesse ceux dont la vocation est de servir.
Prenons garde aux propos qui ne sont que le recyclage des discours du XIXe siècle sur le monde ouvrier !
Prenons garde aux propos qui ne sont que le recyclage des discours du XIXe siècle sur le monde ouvrier : menaçant, paresseux par essence, celui-ci ne pouvait être gouverné que par la contrainte et réprimé par la force. Belle excuse d’inhumanité dont pâtissent aujourd’hui les fonctionnaires et qui ne sert qu’à tenir en respect les salariés du privé par l’exposition d’un « mauvais exemple ».
Les fonctionnaires sont les bras armés du pouvoir. Ils mettent en œuvre les décisions politiques.
Pour cette raison, ceux qui déqualifient les fonctionnaires ne sont-ils pas en train de dire qu’ils ne savent que faire des moyens dont ils disposent ?