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Voilà donc les programmes en place pour la présidentielle, avec de forts clivages désormais actés sur la question du service public. Certains des candidats ont fait de leur défense un axe fort de leur programme, d’autres, disons… un peu moins.
Le service public : une passion française
Mais d’abord, où en est le service public en France ? On croyait, à écouter les médias, à une défiance durable entre les Français et les fonctionnaires. Que les premiers s’étaient ralliés aux arguments des libéraux : les fonctionnaires coûtent trop cher, leur nombre est une cause majeure des déficits qui sont le problème numéro un à régler, le service (largement inefficace) qu’ils rendent pourrait être avantageusement confié au privé, leur volonté de préserver leurs privilèges rend la France irréformable… Quiconque n’étant pas d’accord avec ces évidences est soit fonctionnaire, soit un dangereux rêveur. Et bien non. Grande nouvelle : fonctionnaires, vous n’êtes pas seuls. Dans l’espace, les Français vous entendent crier.
Grande nouvelle : fonctionnaires, vous n’êtes pas seul. Dans l’espace, les Français vous entendent crier.
Deux sondages, commandés par l’Association des administrateurs territoriaux et la Mutuelle nationale territoriale, sont venus opportunément montrer l’attachement des Français à leur service public. Bien sûr, il y a des nuances : ils se reconnaissent d’avantage dans le service public de proximité, ils réclament qu’il soit à la hauteur, ils pensent qu’il pourrait innover davantage… Mais le constat est là : nous sommes massivement attachés à un modèle social où les fonctions collectives sont assumées par les services publics rendus par des fonctionnaires. Nous le voyons comme une garantie d’égalité et de cohésion sociale. C’est là un marqueur essentiel de notre modèle de société, en France et en Europe.
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Ben alors, vous votez quoi ?
Mais voilà, les Français ont beau être étonnamment favorables aux services publics, ils ne promettent pas forcément de voter en conséquence. Les candidats en tête des intentions de vote (avec toute la prudence nécessaire) ne sont en effet pas – c’est un euphémisme – vraiment ceux qui incarnent ce courant de pensée. François Fillon fait toute sa campagne sur la réduction drastique du nombre de fonctionnaires, avec un programme semblant écrit par l’Ifrap. Emmanuel Macron veut aussi réduire la voilure et incarne l’idée d’une privatisation de certains services comme gage d’efficacité et d’économie. Plus ambiguë, Marine Le Pen surfe sur le sentiment de déclassement de la « France périphérique » mais son programme n’est pas tendre avec le service public. Et on connaît l’amour et la confiance historiques que porte l’extrême-droite aux fonctionnaires.
Les Français pourraient, à l’heure du choix, être cohérents.
Mais il y a ceux qui, au contraire, font de la défense des services publics un axe majeur de leur campagne : Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon ne recueillent à eux deux, à l’heure où nous écrivons ces lignes, guère plus d’un tiers des voix.
Les Français pourraient, à l’heure du choix, être cohérents. La demande de justice sociale, d’égalité, de cohésion sociale, d’accessibilité… qui est visible dans les sondages cités est synonyme de davantage de service public. Elle n’est pas incarnée de la même manière par les candidats. Certains la défendent, d’autres non. Il serait bon de s’en souvenir au moment du vote.